Beaucoup de nouvelles concernant l'affaire russe. Commençons par la plus importante. Selon trois médias - CNN, Reuters et The Wall Street Journal -, un grand jury formé par le procureur spécial Robert Mueller a approuvé les premières inculpations dans le cadre de l'enquête sur l'ingérence russe dans la campagne présidentielle de 2016. Ces inculpations, qui visent au moins une personne non identifiée, pourraient mener à au moins une arrestation dès lundi. Parmi les cibles possibles d'inculpations figurent Paul Manafort, président de la campagne présidentielle de Donald Trump, Michael Flynn, ancien conseiller de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, et Donald Trump fils.

Le New York Times y va de sa propre exclusivité sur l'affaire russe : lors de sa rencontre avec des membres de l'entourage de Donald Trump à la Trump Tower, en juin 2016, l'avocate russe Natalia Veselnitskaya avait entre les mains un document contenant des informations qu'elle jugeait compromettantes pour le Parti démocrate et Hillary Clinton et dont elle avait discuté avec procureur général de la Russie, Yuri Chaika, un des hommes les plus puissants de son pays. Ce document reprenait presque mot pour mot un mémorandum remis deux mois plus tôt par le bureau de Chaika à Dana Rohrabacher, un représentant républicain de Californie proche de Moscou. Donald Trump fils, Paul Manafort et Jared Kushner avaient participé à cette rencontre. Velselnitskaya a toujours affirmé avoir agi de façon indépendante dans cette affaire qui représenterait un cas concret de collusion entre l'équipe de Trump et le gouvernement russe.

Le Wall Street Journal ajoute des éléments d'information concernant la relation entre la firme d'analyse de données Cambridge Analytica, dont les services ont été retenus par la campagne de Donald Trump en 2016, et WikiLeaks. Plus tôt cette semaine, le quotidien a révélé que Cambridge Analytica avait contacté WikiLeaks pour lui offrir son aide dans l'organisation des courriels sur les démocrates que le site avait commencé à diffuser. Selon les renseignements américains, ces courriels avaient été piratés par des «hackers» travaillant pour le gouvernement russe. Julian Assange, patron de WikiLeaks, a dit cette semaine avoir rejeté cette offre. Dans son nouvel article, le Journal affirme que Rebekha Mercer, donatrice de Trump et présidente de Cambridge Analytica, avait elle-même demandé en août 2016 au patron de la firme de données de prêter main forte à WikiLeaks, dont l'indépendance vis-à-vis du Kremlin était alors mise en cause.

Le New York Times et le Washington Post révèlent d'autre part que le site d'information conservateur Washington Free Beacon a embauché en 2015 la firme de recherche GPS Fusion pour recueillir des informations compromettantes sur plusieurs candidats républicains à la présidence, dont Donald Trump. La même firme a produit quelques mois plus tard pour les démocrates le dossier sur Trump décrivant ses liens supposés avec le gouvernement russe. Le Washington Free Bacon est financé par le milliardaire Paul Singer, qui avait donné son appui à Marco Rubio avant de participer à une vaine campagne pour stopper l'investiture de Trump.