Hillary Clinton a omis un chapitre important dans Ça s'est passé comme ça, son livre sur la campagne présidentielle de 2016 : en août 2015, son équipe a pris le contrôle du Comité national du Parti démocrate (DNC), accablé de dettes à la suite de l'incurie de Barack Obama et de la mauvaise gestion de sa présidente, Debbie Wasserman Schultz.

C'est du moins ce que raconte Donna Brazile dans un livre à paraître dont Politico publie aujourd'hui un extrait. «L'accord - signé par Amy Dacey, l'ancienne PDG du DNC, et Robby Mook [directeur de la campagne de Clinton] avec une copie pour Marc Elias [avocat de la campagne de Clinton] - précisait qu'en échange d'une collecte de fonds et d'un investissement dans le DNC, Hillary prendrait le contrôle des finances, de la stratégie et de tout l'argent amassé», écrit Brazile, qui a succédé à Wasserman Schultz après la publication par WikiLeaks de milliers de courriels du DNC mettant en cause son impartialité dans la course à l'investiture démocrate pour la présidence.

«Sa campagne avait le droit de refus sur qui allait être le directeur des communications du parti, et aurait le dernier mot dans les décisions concernant tout le reste du personnel», ajoute l'auteure de Hacks: The Inside Story of the Break-ins and Breakdowns that Put Donald Trump in the White House, ouvrage qui sortira le 7 novembre.

Donna Brazile rappelle sa stupéfaction en prenant connaissance de la vérité sur le contrôle exercé par l'équipe de Clinton sur le DNC avant même que l'ancienne secrétaire d'État ait remporté la course à l'investiture démocrate pour la présidence. Elle se souvient également de son inconfort extrême en révélant cette vérité à Bernie Sanders.

«Bernie l'a reçue de façon stoïque. Il n'a pas crié ou exprimé de l'indignation. Il m'a plutôt demandé ce que je pensais des chances d'Hillary. Les sondages la donnaient gagnante de façon unanime, mais il voulait connaître ma propre analyse.

«Je devais être franche avec lui. Je lui ai dit que je ne me fiais pas aux sondages. Je lui ai dit que j'avais visité plusieurs États et constaté partout un manque d'enthousiasme pour elle. Je m'inquiétais de la coalition d'Obama et des milléniaux.

«J'ai exhorté Bernie de faire tout ce qu'il pouvait pour rallier ses partisans à la cause d'Hillary, et de faire campagne pour elle avec tout le coeur et l'espoir dont il était capable.»

Sanders a répondu à l'appel de Brazile. Mais plusieurs de ses partisans n'ont pu surmonter leur méfiance ou ressentiment à l'égard de Clinton. Et ils ne savaient pas encore ce qui s'était vraiment passé entre la candidate et le Parti démocrate.