Elle avait 15 ans. Après ses classes, elle était serveuse dans un restaurant de Gasden, en Alabama, dont Roy Moore, alors procureur local et aujourd'hui candidat au Sénat des États-Unis, était un habitué. Toujours assis sur le même tabouret, au comptoir, ce dernier avait l'habitude de complimenter l'allure de la jeune serveuse et de tirer sur ses longs cheveux roux lorsqu'elle passait près de lui. Elle n'osait pas s'en plaindre, sachant que Moore était un homme important.

Quelques jours plus tard, Moore lui a offert de la reconduire chez elle. Elle a accepté, se disant qu'elle n'avait rien à craindre d'un procureur local. La suite lui a prouvé le contraire, selon le témoignage qu'elle a fourni cet après-midi lors d'une conférence de presse à New York.

«Au lieu de se diriger vers la rue, il a arrêté la voiture et l'a stationnée près d'un Dumpster derrière le restaurant où il n'y avait pas de lumière», a raconté l'ancienne serveuse, devenue femme d'affaires en Alabama. «L'endroit était sombre et déserté. J'ai eu peur et je lui ai immédiatement demandé ce qu'il faisait. Au lieu de répondre à ma question, M. Moore a commencé à me peloter, mettant ses mains sur mes seins. J'ai essayé d'ouvrir la porte de la voiture pour quitter mais il l'a verrouillée pour m'empêcher de sortir. J'ai essayé de me débattre et je lui ai crié d'arrêter, mais au lieu d'arrêter, il a commencé à me serrer le cou en tentant d'approcher ma tête de son entrejambe.»

Moore a fini par laisser partir la jeune serveuse, qui s'est retrouvée par terre à l'extérieur de la voiture après avoir été poussée ou être tombée. Les dernières paroles de Moore à la jeune serveuse ont été les suivantes, selon le témoignage entendu en conférence de presse : «Tu n'es qu'une enfant et je suis le procureur de district du comté d'Etowah. Et si tu racontes cela à quiconque, personne ne te croira jamais.»

Elle avait 16 ans. Aujourd'hui, Beverly Young Nelson s'est adressée aux journalistes au côté de l'avocate Gloria Allred. Elle dit avoir parlé de l'agression sexuelle présumée de Moore, il y a des années, à sa soeur, à sa mère et à son mari, un camionneur, qui l'a accompagnée à New York. Elle ajoute que les témoignages recueillis par le Washington Post auprès de quatre femmes accusant Moore d'attouchements sexuels ou de comportements douteux l'ont encouragée à contacter Allred, une démocrate, et à rendre publique son expérience.

Elle précise qu'elle et son mari ont voté pour Donald Trump l'an dernier. «Cela n'a rien à voir avec les démocrates et les républicains», a-t-elle dit. «Je veux que Roy Moore comprenne qu'il n'a plus aucune emprise sur moi.»

Gloria Allred a montré aux journalistes l'album souvenir incluant le message et la signature de Roy Moore. Elle dit que sa cliente n'a pas l'intention de lancer de poursuites criminelles ou civiles contre le candidat républicain. Mais elle veut que la commission du Sénat sur les Affaires judiciaires tiennent d'ici deux semaines une audition où sa cliente et son agresseur présumé répondraient aux questions des sénateurs sous serment.

L'élection spéciale en Alamaba pour un siège au Sénat aura lieu le 12 décembre.