J'ai déjà publié des billets démontrant que les Américains les moins fortunés sont les grands perdants des projets de réforme fiscale concoctés par les républicains de la Chambre des représentants et du Sénat*. Ces derniers défendent leurs propositions en faisant valoir que les baisses d'impôts massives accordées aux sociétés, notamment, se traduiront par de fortes créations d'emplois et une croissance économique qui permettra de financer ces cadeaux fiscaux sans gonfler les déficits.

Or, la Booth School of Business de l'Université de Chicago vient de compléter une enquête auprès de 42 des économistes américains les plus réputés, toutes tendances confondues, afin de connaître leurs prédictions concernant l'effet des baisses d'impôts sur la croissance économique et sur les déficits au cours des dix prochaines années.

Seulement un économiste était d'accord avec les républicains du Congrès concernant l'effet des baisses d'impôts sur le PIB (52% étaient en désaccord, 36% étaient incertains et les autres n'ont pas répondu). Presque tous les économistes (88%) s'accordaient par ailleurs pour dire que le ratio entre la dette publique et le PIB allait augmenter de façon importante au cours de la prochaine décennie.

Les autres étaient incertains. Aucun n'était en désaccord avec l'énoncé.

Bref, les économistes ne croient pas aux promesses républicaines concernant les retombées de leur réforme fiscale.

* Martin Wolfe, l'un des journalistes économiques, les plus respectés, décrit ainsi la réforme fiscale dans un article publié aujourd'hui dans le Financial Times, auquel seuls les abonnés du journal ont accès :

«Les propositions fiscales qui sont à l'examen au Congrès illustrent les objectifs prioritaires du parti. Selon le Center on Budget and Policy Priorities, dans la version du texte présentée par la Chambre, environ 45% des baisses d'Impôts en 2027 iraient aux foyers dont les revenus sont supérieurs à 500 000$ (moins de 1% des contribuables) et 38% aux foyers dont les revenus dépassent 1 million de dollars (environ 0,3% des contribuables). Dans la version plus prudente du Sénat, les foyers dont les revenus sont inférieurs à 75 000$ se retrouveraient dans une situation pire (que les années précédentes). Il s'agit simplement d'une réforme pour les ploutocrates.»