D'accord, Donald Trump n'a pas eu à attendre l'exclusivité du New York Times pour savoir que les avocats de Michael Flynn avaient cessé de partager avec les siens des informations sur l'enquête de Robert Mueller sur l'affaire russe. Mais cette nouvelle ne l'aidera pas à digérer son repas de Thanksgiving.

Comme l'explique le Times, «les avocats de la défense partagent souvent des informations durant les enquêtes, mais doivent cesser de le faire quand cela les place dans une situation de conflit d'intérêt».

En clair, cela signifie que Flynn est en train de négocier une entente avec le procureur spécial ou qu'il a déjà commencé à coopérer avec lui.

Flynn est l'ancien conseiller de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale. S'il s'entendait avec Mueller, il serait en mesure d'offrir aux enquêteurs des informations précieuses sur les liens entre la Russie et l'équipe de campagne de Trump. Ses propres liens avec le Kremlin remontent au moins à 2015 lorsqu'il s'est retrouvé à la même table que Vladimir Poutine lors d'un gala.

Le général à la retraite a été payé des dizaines de milliers de dollars par des entités russes, dont RT, un média de propagande financé par le Kremlin. L'omission de ces paiements dans des déclarations officielles fait partie de ses problèmes actuels.

Flynn a également eu des contacts avec les Russes pendant la période de transition entre l'élection de Trump et son investiture. Il a notamment communiqué avec l'ambassadeur de Russie à Washington après que Barack Obama a annoncé des sanctions contre la Russie pour son ingérence dans l'élection présidentielle de 2016. Flynn a d'abord nié que la question des sanctions avait été soulevée lors de ses échanges avec Sergueï Kisliak, l'ambassadeur.

Les mensonges de Flynn ont poussé la ministre de la Justice Sally Yates à avertir la Maison-Blanche que Flynn était compromis et pouvait désormais faire l'objet d'un chantage de la part des Russes. Ce n'est qu'après des révélations du Washington Post sur l'intervention de Yates que Flynn a été forcé à la démission. Motif officiel : avoir menti au vice-président Mike Pence sur la nature de ses contacts avec Kisliak.

Flynn aurait également menti aux agents du FBI sur ces contacts, ce qui pourrait lui valoir une inculpation. Avant de le virer, le président a demandé au directeur du FBI James Comey d'abandonner son enquête sur son conseiller en le qualifiant de «bon gars».

Pendant la période de transition, Flynn a également eu des contacts avec Kisliak en compagnie de Jared Kushner, gendre du président.

Il a par ailleurs été forcé d'admettre qu'il avait été un agent du gouvernement turc pendant la campagne présidentielle et qu'il avait été payé 500 000$ pour ses services. L'omission de ce rôle et de ce paiement le place également dans une position de vulnérabilité sur le plan juridique.

Son fils, Michael Flynn Jr, qui est mêlé à ses affaires, se retrouve également sur la sellette.

Selon les experts, toute entente entre Flynn et Mueller devrait s'accompagner d'informations compromettantes ou incriminantes sur au moins une personne d'envergure dans l'orbite de Trump, que ce soit Kushner, Donald Trump fils ou le président lui-même. De quoi avoir des brulements d'estomac au lendemain du repas de Thanksgiving.