D'abord la confirmation. Dans une déclaration diffusée après avoir plaidé coupable à une accusation d'avoir menti au FBI, Michael Flynn a avoué avoir accepté de coopérer avec le procureur spécial Robert Muller chargé de l'enquête sur l'ingérence de la Russie dans l'élection présidentielle de 2016.

Ensuite le mystère. Les procureurs fédéraux ont révélé que Flynn avait parlé à un haut responsable de l'équipe de transition de Donald Trump pour convenir des propos qu'il devait tenir avec l'ambassadeur de Russie Sergueï Kisliak à l'occasion d'échanges téléphoniques portant sur les sanctions imposées par Barack Obama fin décembre 2016 contre la Russie.

Flynn a par la suite fait un compte rendu de ses échanges avec l'ambassadeur de Russie au haut responsable de l'équipe de transition, selon les procureurs fédéraux.

Qui est ce haut responsable? Les procureurs fédéraux ne l'ont pas précisé.

L'information représente néanmoins une réfutation de la position de l'avocat du président selon laquelle les mensonges de Flynn et son plaidoyer de culpabilité ne concernent en rien la Maison-Blanche.

«Les fausses déclarations en question sont semblables aux fausses déclarations de Michael Flynn aux responsables de la Maison-Blanche qui ont mené à sa démission en février», a affirmé Ty Cobb, l'avocat du président.

La déclaration de Ty Cobb n'est pas très convaincante. Près de trois semaines avant sa démission, la ministre de la Justice intérimaire Sally Yates avait informé la Maison-Blanche que Flynn avait menti sur la nature de ses contacts avec Kisliak et qu'il était vulnérable au chantage de la Russie.

Or, il a fallu que le Washington Post publie un article sur l'intervention de Yates pour que la Maison-Blanche se résigne à accepter la démission de Flynn.

De toute évidence, la Maison-Blanche se serait accommodée des fausses déclarations de Flynn plus longtemps encore si le Post n'avait pas révélé l'affaire. En fait, au lendemain de l'intervention de Yates, le 27 janvier, Trump a demandé au directeur du FBI James Comey de mettre fin à son enquête sur Flynn.

Rappelons que Mike Pence avait remplacé à la tête de l'équipe de transition de Trump Chris Christie, qui avait rayé le nom de Flynn des candidats éventuels à un poste important au sein de l'administration républicaine.

Rappelons aussi que Pence avait été informé pendant la période de transition que Flynn faisait l'objet d'une enquête fédérale en raison de son lobbying pour le compte de la Turquie.

Malgré tout, Flynn a été nommé conseiller pour la sécurité nationale. Sa loyauté a déjà été grandement appréciée par Donald Trump et d'autres membres de son entourage.

Aujourd'hui, elle ne peut évidemment plus être tenue pour acquise. Et tout porte à croire que Mueller n'a dévoilé aujourd'hui qu'une partie infime de son jeu.