Tout indique que Donald Trump prononcera mercredi un discours dans lequel il annoncera la reconnaissance par les États-Unis de Jérusalem comme capitale d'Israël. Il repoussera cependant à une date ultérieure le transfert de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem.

L'annonce du chef de la Maison-Blanche risque de nuire au plan de paix entre Israéliens et Palestiniens que mijote son gendre et conseiller, Jared Kushner. Elle risque aussi de déstabiliser une région comparée parfois à une poudrière. Malgré les pressions israéliennes, les présidents américains ont refusé par le passé de se prononcer sur le statut de Jérusalem, revendiquée comme capitale par les deux parties du conflit.

Lors d'une rare sortie publique, Kushner s'est montré avare de détails hier sur le plan de paix que les États-Unis présenteront. «C'est l'art de ne rien dire», a commenté l'ancien premier ministre israélien Ehoud Barak après avoir écouté le conseiller du président, qui a qualifié de «réalisable» le plan.

La partie palestinienne doit sans doute se poser de sérieuses questions sur l'impartialité de Kushner après les révélations des derniers jours. Lors du plaidoyer de culpabilité de Michael Flynn vendredi dernier, les procureurs fédéraux ont révélé que l'ancien conseiller de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale avait demandé l'aide de l'ambassadeur de la Russie à Washington pour bloquer une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant les colonies israéliennes dans les territoires occupés de Cisjordanie.

Les procureurs ont souligné le rôle de Kushner dans ce lobbying qui pourrait violer une loi fédérale interdisant les citoyens privés d'interférer dans les relations diplomatiques entre les États-Unis et des gouvernements étrangers.

Les médias américains ont également révélé vendredi que Kushner avait omis de dévoiler dans une déclaration officielle son rôle à la tête d'une fondation qui finance des colonies illégales en Cisjordanie.

La vidéo ci-dessous illustre le scepticisme avec lequel certains observateurs accueillent la démarche de l'administration Trump vis-à-vis du conflit israélo-palestinien. En parlant de l'équipe entourant Kushner, l'intervieweur, Haim Saban, milliardaire de Hollywood et donateur démocrate, dit au conseiller du président (à partir de 1:01) : «Je ne sais pas comment vous avez duré huit mois avec cette équipe. Et c'est étonnant que cela continue. Il n'y a pas un expert du Moyen-Orient dans ce groupe. Comment fonctionnez-vous avec (...) une bande de juifs orthodoxes qui ne comprennent rien à rien? Qu'est-ce que vous faites? Sérieusement, je ne comprends pas.»

Et Kushner de répliquer : «Ce n'est certainement pas une équipe conventionnelle.»