Vingt-quatre heures après avoir accordé une victoire à Donald Trump en autorisant l'application dans sa totalité du décret migratoire du président en attendant que la justice d'appel saisie se prononce, la Cour suprême entendra aujourd'hui une autre cause chère aux conservateurs américains.

Il s'agit de «Masterpiece Cakeshop contre la Commission des droits civils du Colorado». Masterpiece Cakeshop, c'est le nom de la pâtisserie de Jack Phillips, qui invoque la liberté d'expression garantie par le premier amendement de la Constitution pour justifier son refus de faire des gâteaux pour célébrer les mariages entre personnes du même sexe.

La Commission des droits civils du Colorado, de son côté, a représenté Charlie Graig et David Mullins, qui estiment avoir été l'object de discrimination lorsque Phillips a refusé de leur faire un gâteau de mariage. Elle a défendu avec succès la cause du couple gai devant toutes les instances inférieures, incluant la Cour d'appel du Colorado.

Selon les plaignants, Phillips a d'abord invoqué l'illégalité du mariage et sa foi chrétienne pour justifier sa décision de ne pas faire le gâteau. Or, même si le Colorado n'avait pas à l'époque légalisé le mariage entre personnes du même sexe, la cérémonie de mariage comme telle n'avait rien d'illégale.

Poursuivi en justice, Phillips a par la suite fait valoir que la loi du Colorado contre la discrimination violait sa liberté d'expression. Selon cet argument, le pâtissier ne serait pas un commerçant obligé de servir tous les citoyens prêts à payer pour acheter ses produits. Il serait un citoyen exprimant son opposition au mariage gai en refusant de faire des gâteaux de mariage pour personnes du même sexe.

Dans certains autres États, Phillips aurait pu invoquer la liberté de religion pour justifier son refus de servir le couple gai. Mais le Colorado n'est pas l'un de ceux-là.

Si Phillips obtient gain de cause, il pourrait ensuite invoquer sa liberté d'expression pour refuser de servir des couples interraciaux ou constitués de partenaires divorcés. Raisonnable?