«Mueller est corrompu. La direction du FBI est corrompue. Le système est corrompu.»

Mercredi soir, Newt Gingrich a tiré à boulets rouges sur Robert Mueller et le FBI lors de l'émission de Fox News animée par Laura Ingraham. Décidément, elle est loin l'époque où l'ancien président de la Chambre des représentants accueillait la nomination de Robert Mueller au poste de procureur spécial chargé d'enquêter sur l'affaire russe en vantant l'honnêteté et l'intégrité de l'ancien directeur du FBI, un républicain ayant servi sous deux président - George W. Bush et Barack Obama.

Mais les critiques virulentes de Gingrich à propos de Mueller et du FBI ne s'éloignent pas de ceux que les fidèles de la chaîne d'information conservatrice, dont Donald Trump, entendent quotidiennement. Lors des émissions d'Ingraham, Tucker Carlson et Sean Hannity, le FBI est désormais décrit comme une police secrète semblable à la Gestapo alors que l'équipe de Mueller est traitée de repère d'agents et d'avocats anti-Trump.

Quant à l'enquête de Mueller comme telle, elle est «illégitime et corrompue», comparable à «un coup d'État silencieux» orchestré par «l'État profond».

Les animateurs de Fox News et leurs commentateurs s'indignent tout particulièrement ces jours-ci du cas de Peter Strzok. Le Washington Post et le New York Times ont révélé samedi dernier que Mueller avait écarté de son équipe en juillet dernier cet agent du FBI spécialisé dans le contre-espionnage après avoir appris qu'il avait échangé des textos anti-Trump avec un avocate du FBI pendant la campagne présidentielle. Strzok avait également joué un rôle clé dans l'enquête du FBI sur les courriels d'Hillary Clinton alors qu'elle était secrétaire d'État.

De là à dire que James Comey, l'ancien directeur du FBI, a décidé de ne pas inculper Clinton pour des raisons purement partisanes, il n'y a qu'un pas, franchi allègrement par les ténors de Fox News.

Ce battage se produit pendant que d'autres médias continuent à publier des révélations concernant l'affaire russe. Le New York Times a notamment fait état cette semaine du témoignage d'un lanceur d'alerte ayant affirmé au Congrès et à l'équipe de Mueller que Michael Flynn avait indiqué à un homme d'affaires, le jour de l'investiture de Donald Trump, que les sanctions contre Moscou allaient être supprimées, ce qui allait ouvrir la voie à un projet de construction de centrales nucléaires au Moyen-Orient mené conjointement avec la Russie.

Bref, si jamais Donald Trump se cherchait des motifs pour virer Mueller, il n'aurait qu'à regarder Fox News.