Sur son compte Twitter, CNN a résumé ainsi son «exclusivité» hier matin concernant l'affaire russe : «Donald Trump, son fils et d'autres ont reçu un courriel en septembre 2016 contenant une clé de déchiffrement et une adresse internet donnant accès à des documents piratés de WikiLeaks.»

Dans sa version originale, l'histoire de CNN indiquait que ce courriel avait été envoyé le 4 septembre au camp Trump, soit plus d'une semaine avant que les documents piratés - des courriels appartenant au Comité national du Parti démocrate et à Colin Powell - ne soient publiés. Le même jour, Donald Trump fils a publié un gazouillis attirant l'attention de ses abonnés pour la première fois sur la publication par WikiLeaks de documents piratés.

CNN a précisé que ce tweet semblait contredire l'affirmation faite par Donald Trump fils au Congrès selon laquelle il ne se souvient d'avoir reçu le courriel en question.

Or, après la publication d'un article du Washington Post, CNN a dû admettre quelques heures plus tard que le courriel avait été envoyé le 14 septembre, soit après que le grand public ait eu accès aux documents piratés de WikiLeaks. La chaîne a présenté ses excuses, corrigé son reportage (dont l'intérêt devenait plus qu'anecdotique) et précisé qu'elle ne punirait pas le journaliste, Manu Raju, qui a sorti l'histoire en citant deux sources anonymes.

Résumons : Donald Trump fils a peut-être eu accès aux documents piratés de WikiLeaks, mais ce n'est certainement pas de la façon évoquée par CNN hier matin.

Manu Raju a une bonne feuille de route, mais son erreur s'explique difficilement. Comment deux sources peuvent-elles se tromper sur un détail aussi important que la date du courriel envoyé au camp Trump? Ont-elles toutes les deux menti au journaliste? Quoi qu'il en soit, cette erreur n'est pas aussi grave que celle commise par le journaliste vedette d'ABC Brian Ross la semaine dernière. Celui-ci a été suspendu pour deux semaines après avoir rapporté que Donald Trump avait ordonné à Michael Flynn d'établir des contacts avec les Russes avant l'élection présidentielle de novembre 2016.

ABC a dû apporter une «correction» à cette information en précisant que l'ordre de Trump concernait des contacts après l'élection.

Cela dit, en cafouillant à son tour, CNN apporte de l'eau au moulin de Trump et des pourfendeurs de «fausses nouvelles», une étiquette également appliquée par ces derniers aux révélations des grands médias américains sur l'affaire russe qui ont été dûment confirmées.