C'est l'un des stéréotypes les plus éculés. Si vous voulez un bon avocat, choisissez un avocat juif. Dans la série Breaking Bad, le cliché est poussé à l'extrême : le personnage de l'avocat Saul Goodman est en fait un Irlando-Américain qui se fait passer pour un juif pour attirer la clientèle. Le stéréotype n'est pas seulement positif: s'il peut être compétent et rusé, l'avocat juif peut également être cupide et malhonnête.

Cette introduction est nécessaire pour bien comprendre la stupéfaction de la twittosphère hier soir après la diffusion d'un extrait du discours de la femme de Roy Moore défendant son mari contre l'accusation d'antisémitisme. «Un de nos avocats est juif», a-t-elle dit sur un ton triomphant. La stupéfaction est encore plus grande quand on entend ces mots sortir de la bouche de Kayla Moore (voir la vidéo qui coiffe ce billet).

L'accusation d'antisémitisme à l'encontre du candidat républicain à l'élection sénatoriale d'Alabama découle de sa critique de George Soros, financier milliardaire, donateur démocrate et bête noire des nationalistes et extrémistes de droite aux États-Unis et en Europe. Dans un discours enflammé, Moore a déclaré récemment que Soros, «peu importe sa fortune, va finir au même endroit où aboutissent les gens qui ne reconnaissent pas Dieu et la moralité et qui n'acceptent pas son salut. Et ce n'est pas un bon endroit».

Autrement dit, la foi juive de Soros le vouerait à l'enfer.

L'élection spéciale d'Alabama a lieu aujourd'hui. Accusé d'abus sexuels sur des mineures, Roy Moore fait face au démocrate Doug Jones, ancien procureur fédéral dont le fait d'arme est d'avoir fait condamner des membres du Ku Klux Klan dans l'incendie mortel d'une église noire à Birmingham.

Un sondage Fox News donnait hier une avance de 10 points de pourcentage à Jones, alors qu'un sondage Emerson créditait Moore d'une avance de 9 points de pourcentage. Entre les deux, un sondage de l'Université Monmouth plaçait les deux candidats à égalité.