Le 1er décembre dernier, Bob Corker justifiait en ces termes sa décision de devenir l'unique sénateur républicain à voter contre la réforme fiscale proposée par le groupe majoritaire à la chambre haute : «Au bout du compte, je ne suis pas capable de mettre de côté mes préoccupations fiscales et de voter pour une mesure qui, selon les informations actuellement à ma disposition, pourrait alourdir le poids de la dette pour les générations futures.»

Deux semaines plus tard, le sénateur du Tennessee a fait volte-face, surprenant Washington en donnant son appui au texte de consensus rédigé par les négociateurs du Sénat et de la Chambre des représentants, texte qui ne tient aucunement compte de ses préoccupations fiscales. Pourquoi a-t-il changé d'avis?

Hier, Bob Corker a expliqué que la réforme fiscale représentait une rare occasion de mettre en place une politique «pro-croissance» aux États-Unis. En dernière analyse, il n'a pas voulu priver son pays de cette chance, a-t-il dit, tout en admettant que sa décision avait été «très difficile».

L'International Business Times a cependant publié au cours du weekend une information qui pourrait expliquer autrement la volte-face du sénateur Corker. Les rédacteurs de la réforme fiscale ont introduit à la dernière minute un changement susceptible de réduire encore davantage les impôts des riches promoteurs immobiliers comme Corker.

Dimanche, Corker s'est défendu d'avoir changé de position sur la réforme fiscale en raison de cet ajout, faisant valoir qu'il n'était même pas au courant de son existence. Il a plus tard écrit une lettre à son collègue Orrin Hatch, chef de file du Sénat dans ce dossier, pour demander des explications.

Dans un texte publié hier, l'International Business Times a par ailleurs affirmé que Corker n'était qu'un des 14 sénateurs républicains qui s'enrichiront grâce au changement de dernière minute inséré dans le projet de loi fiscal qui sera soumis cette semaine à l'approbation des deux chambres du Congrès et promulgué par Donald Trump avant Noël.

Il se peut très bien que Corker ait changé d'avis pour des raisons politiques plutôt que financières. Même s'il a annoncé son retrait, il ne voulait peut-être pas passer sa dernière année à Washington dans le rôle de l'unique sénateur républicain n'ayant pas voté pour ce qui représente le Saint Graal de son parti, à savoir la réduction des impôts.

Selon la Joint Committee on Taxation, organisme neutre du Congrès, la baisse d'impôts de 1 500 milliards de dollars sur dix ans proposée par les républicains devrait coûter à l'État fédéral au moins 1 000 milliards de dollars de revenus en moins au cours de la même période.

Corker a annoncé sa décision de voter en faveur de la baisse d'impôts au moment où sa collègue du Maine Susan Collins était encore indécise. En raison de l'absence de John McCain, qui est retourné en Arizona pour des traitements médicaux, les républicains ne pouvaient pas se permettre plus d'une défection au Sénat.

Collins a annoncé hier son appui au projet de réforme fiscale, se disant convaincue que les républicains du Congrès respecteront la promesse que lui ont faite Mitch McConnell et Mike Pence de corriger des lacunes menaçant la survie de l'Obamacare. Ses critiques ont dénoncé sa naïveté.