L'année 2017 prend fin sur une note sombre à New York : déclenché par un enfant de trois ans qui jouait avec une cuisinière à gaz, un incendie a coûté la vie à 12 personnes, dont huit enfants, jeudi soir dans un immeuble du Bronx.

Mais New York peut quand même se réjouir des données de 2017 en matière de criminalité. À moins de 48 heures du Nouvel An, tout indique que la Grosse Pomme finira l"année avec moins de 300 homicides - la ville en déplorait 288 mercredi -, un total non seulement inférieur à celui de l'an dernier (333) mais également à tous ceux qui ont été enregistrés depuis que de telles données ont commencé à être colligées, il y a plus de 50 ans.

Selon les données diffusées avant-hier par le New York Times, la chute de la criminalité ne se limite pas aux homicides; elle s'étend à toutes les catégories de crime. En fait, selon la police, il faut remonter aux années 1950 pour retrouver un niveau de criminalité semblable à New York.

Rappelons que le nombre d'homicides à New York s'élevait à 2 245 en 1990.

À quoi attribuer cette chute de la criminalité qui se poursuit à New York pour une 27e année consécutive? Dans un éditorial consacré à ce sujet, le Daily News rend hommage aujourd'hui au NYPD, et en particulier à ses dirigeants, qui ont conçu des systèmes et des stratégies permettant de mieux lutter contre les gangs et de cibler avec plus de précision encore les endroits où le plus grand nombre de crimes sont perpétrés.

Lors d'une entrevue radiophonique diffusée hier, le maire de New York Bill de Blasio a évoqué de son côté les bienfaits d'une application intelligente du concept de police communautaire. En se rapprochant des citoyens, le NYPD a non seulement réduit les tensions dans certains quartiers chauds mais également gagné la collaboration du public nécessaire à la lutte contre les criminels.

Chose certaine, le maire de New York peut se targuer d'avoir réduit la criminalité tout en mettant fin à la stratégie du «stop-and-frisk» qui ciblait de façon disproportionnée les jeunes afro-américains et latinos et empoisonnait les relations entre certaines communautés et le NYPD.

Heather Mac Donald, chercheuse pour le groupe de réflexion conservateur Manhattan Institute, y est allée d'une explication plus controversée. Selon elle, la chute de criminalité est attribuable en bonne partie à l'arrivée de Blancs dans certains quartiers «qui ont déjà été le domaine de revendeurs de drogue et de proxénètes». Mac Donald donne en exemple le quartier Bedford-Stuyvesant de Brooklyn, où - tenez-vous bien - la population blanche a augmenté de 1,235% de 2000 à 2015 alors que la population noire a baissé de 17%. «Cette transformation démographique a un impact énorme sur la criminalité», écrit la chercheuse.

Comme le souligne Harry Siegel dans cet article, Mac Donald fait fi d'un phénomène susceptible de contredire sa thèse : le déclin de la criminalité dans Bed-Stuy a commencé sept ans avant que n'augmente la population blanche du quartier, qui s'élève aujourd'hui à 11 000 contre plus de 100 000 Afro-Américains.

En fait, la baisse de la criminalité à New York embête les conservateurs comme Heather Mac Donald, qui prédisait une hausse de la criminalité après l'abandon du «stop-and-frisk» et l'avènement d'une «guerre contre les policiers» encouragée par des politiciens comme Bill de Blasio et Barack Obama.

Cette baisse de la criminalité à New York fait aussi mal paraître Jeff Sessions, ministre de la Justice, qui tenait ses propos en août dernier : «New York continue de voir une série ininterrompue de meurtres liés aux gangs, conséquence prévisible de l'attitude laxiste de la ville vis-à-vis de la criminalité.»