«Ces derniers jours, les ennemis de l'Iran ont employé divers moyens, argent, armes, politique, appareil de renseignement, pour fomenter des troubles dans la République islamique.»

Et qui sont ces «ennemis» évoqués aujourd'hui sur Twitter par le guide suprême de la Révolution iranienne pour expliquer la vague de contestation sans précédent depuis 2009 qui secoue son pays pour la cinquième journée consécutive et qui a fait au moins 21 morts? La réponse viendra peut-être à l'occasion du discours que l'ayatollah Ali Khamenei a promis de prononcer sous peu.

Chose certaine, parmi les ennemis étrangers traditionnels de la République islamique, les États-Unis viennent en tête avec l'Arabie saoudite et Israël. Ce matin, le chef d'État d'un de ces pays a salué sur Twitter les manifestants qui descendent dans les rues de plusieurs villes pour protester contre les conditions économiques et la corruption endémique qui contribuent à maintenir au chômage une grande partie de la jeunesse du pays. Certains d'entre eux appellent même à la mort des dirigeants iraniens.

«Le peuple d'Iran agit enfin contre le régime brutal et corrompu iranien. Tout l'argent que le président Obama leur a stupidement donné est allé au terrorisme et dans leurs "poches". Le peuple a peu de nourriture, beaucoup d'inflation et pas de droits humains. Les États-Unis regardent!»

Vous avez sans doute deviné l'identité de ce chef d'État.

Pour une analyse plus fine de cette contestation inattendue et imprévisible, je vous invite à lire un spécialiste de l'Iran, Karim Sadjadpour, qui signe ici une série de tweets sur la situation et ici un article pour la revue The Atlantic sur le même sujet.

Contrairement aux manifestations de 2009, qui avaient d'abord éclaté à Téhéran après les résultats contestés de l'élection présidentielle, la vague de contestation actuelle a commencé dans des villes provinciales qui comptent parmi les plus conservatrices. «C'est comme si des manifestations nationales anti-Trump commençaient au Kentucky», écrit Sadjadpour.

Cela étant, les protestataires demeurent «non armés, non organisés et sans leaders» et affrontent un «vaste appareil coercitif» qui fera tout pour protéger les dirigeants iraniens, souligne le spécialiste.