«Pourquoi tant de médias, y compris le @nytimes, n'étalent-ils pas cette histoire sur leur premières pages? La Ville de New York a déclaré aujourd'hui la guerre à l'industrie la plus riche, dans la capitale financière du monde. C'est pas mal plus important que la descente aux enfers de Bannon!»

L'auteure et activiste canadienne Naomi Klein a publié ce cri du coeur sur Twitter mercredi en offrant un lien vers un article du quotidien britannique The Guardian sur la décision de la Ville de New York de poursuivre cinq géants du secteur pétrolier - BP, Chevron, ConocoPhillips, ExxonMobil et Shell. La Grosse Pomme les accuse d'avoir contribué activement aux changements climatiques et aux bouleversements que ceux-ci entraînent.

Selon le maire de New York Bill de Blasio, les pétrolières doivent participer au financement du plan que la Ville doit mettre en oeuvre pour se protéger contre les impacts sévères des changements climatiques.

Tout en annonçant cette poursuite, Bill de Blasio a également fait part de son souhait de retirer les investissements du fonds de retraite de la Ville du secteur des énergies fossiles. Ces investissements s'élèvent à 5 milliards de dollars.

Avant de répondre à la question de Naomi Klein, un constat : les médias étrangers semblent avoir accordé à cette histoire une plus grande importance que les médias new-yorkais. Le New York Times, par exemple, n'a pas traité du sujet sur la page d'accueil de son site internet dans les heures qui ont suivi l'annonce et il l'a relégué le lendemain au milieu de la page A23 sous un titre peu accrocheur : «De Blasio dévoile deux mesures pour s'attaquer aux énergies fossiles».

Les médias ont peut-être choisi de ne pas faire un plat de l'annonce de Bill de Blasio parce que la Ville de New York n'est pas la première entité gouvernementale à poursuivre les pétrolières aux États-Unis. L'honneur, si l'on peut utiliser ce mot, revient aux gouvernements locaux de la région de San Francisco.

Cette annonce fait aussi partie d'une stratégie destinée à rehausser le profil national de Bill de Blasio, stratégie à laquelle les médias américains ne semblent pas avoir le goût de participer aveuglément (à New York, un animateur de radio a parlé d'un stunt politique). Et elle n'est pas dénuée d'hypocrisie, comme le souligne aujourd'hui le chroniqueur du New York Times Jim Dwyer, qui accuse le maire de New York de contribuer lui-même aux changements climatiques en grimpant à l'arrière d'un VUS pour aller au gym le matin plutôt que de prendre le métro ou de marcher.

De Blasio ne défend pas moins ses mesures contre les pétrolières aujourd'hui dans une tribune publiée dans le... Washington Post, un quotidien qui signale justement ses ambitions nationales voire présidentielles.

Quant à Naomi Klein, elle a salué l'initiative du maire de New York hier dans un texte publié sur le site The Intercept et coiffé du titre suivant : «Alors que New York déclare la guerre à l'industrie pétrolière, le politiquement impossible semble soudainement possible.»

Voilà qui fera plaisir à Bill de Blasio.