Dès samedi, les électeurs de Floride, Michigan, Ohio, Pennsylvanie et Wisconsin, entre autres États clés, ont commencé à recevoir des appels téléphoniques automatiques accusant les démocrates de «prioriser les immigrants illégaux aux dépens des citoyens américains».

Les premiers sondages sur la fermeture partielle du gouvernement contenaient par ailleurs une donnée frappante : si une forte majorité d'Américains se disaient en faveur de la régularisation du statut des «Dreamers», ils étaient en revanche opposés à un «shutdown» sur cette question.

Comme l'explique le Washington Post dans cet article, ces appels téléphoniques automatiques et les sondages ont pesé dans la décision de Chuck Schumer, chef de la minorité au Sénat, de hisser le drapeau blanc et d'adopter un budget provisoire pour réouvrir l'administration fédérale en échange d'une promesse de tenir un vote sur les «Dreamers» en février.

La décision de Schumer tient en bonne partie à sa volonté de protéger les sénateurs qui devront défendre en novembre des sièges dans des États rouges, dont le Missouri, l'Indiana, la Virginie-occidentale et le Dakota-du-Nord, pour ne nommer que ceux-là. Elle a enragé plusieurs membres de la gauche démocrate, qui se promettent de dégommer, à l'occasion d'élections primaires, les sénateurs ayant voté pour la réouverture du gouvernement. Comme quoi la «Résistance» finira peut-être par ressembler à un Tea Party progressiste.

Mais Schumer a peut-être évité le pire aux démocrates en mettant fin rapidement à un affrontement sur le terrain de prédilection de Donald Trump et des républicains, l'immigration illégale. Croire que ceux-ci allaient céder aux demandes des démocrates sur cette question dans le contexte d'un «shutdown» relève de la pensée magique. En revanche, les démocrates tiennent cette promesse du chef de la majorité au Sénat qui, aussi vague soit-elle, pourrait mener à une percée sur l'immigration à la chambre haute.

C'est peu, très peu, mais les républicains ont tous les atouts dans leur jeu : la Maison-Blanche, le Sénat et la Chambre. Au bout du compte, ils seront les seuls responsables du sort des «Dreamers» que Donald Trump, Mitch McConnell et Paul Ryan ont tous promis de régler.