Quelques heures après l'annonce de la démission forcée du directeur adjoint du FBI, la Commission de la Chambre des représentants sur le Renseignement a voté en faveur de la diffusion d'un mémo secret, faisant fi de l'opinion d'un responsable du ministère de la Justice selon laquelle une telle action serait «extraordinairement imprudente».

Rédigé par des membres du personnel de Devin Nunes, président républicain de cette commission, le mémo accuse le ministère de la Justice et le FBI d'avoir abusé de leur autorité pour obtenir un mandat permettant de mettre sur écoute un membre de l'équipe de campagne de Donald Trump, en l'occurrence Carter Page, qui était soupçonné d'être un espion à la solde de la Russie.

Minoritaires au sein de cette commission, les démocrates ont dénoncé ce mémo de trois pages et demie qui analyse de façon tendancieuse selon eux des informations classifiées qui, elles, ne seront pas communiquées au grand public. Ils accusent les républicains de la Chambre de mener une campagne de dénigrement visant deux institutions - le ministère de la Justice et le FBI - dont les enquêtes sur l'affaire russe menacent la présidence de Donald Trump.

Selon les règles de la Chambre, ce même Donald Trump a maintenant cinq jours pour décider si ce mémo doit être diffusé, ce que la Maison-Blanche a déjà appelé de ses voeux. La Commission a décidé de permettre la diffusion parmi les membres de la Chambre d'un mémo rédigé par les démocrates sur le même sujet mais pas parmi le grand public.

Selon le New York Times, le mémo des républicains mettrait notamment en cause le ministre de la Justice adjoint de la Justice Rod Rosenstein, qui est responsable de l'enquête russe menée par le procureur spécial Robert Mueller. Le document présenterait Rosenstein comme celui qui a demandé en mars 2017 de renouveler le mandat permettant la surveillance de Page. Le quotidien laisse entendre que ce rôle pourrait servir au président de prétexte pour licencier Rosenstein. Le départ de Rosenstein pourrait ensuite ouvrir la porte au renvoi de Mueller.

Fait remarquable, la rédaction du memo et le vote de la Commission sur le Renseignement ont été orchestrés par un représentant républicain - Devin Nunes - qui s'était récusé de l'enquête russe l'an dernier après avoir été accusé d'avoir diffusé des informations classifiées pour créer un écran de fumée. Les démocrates estiment que Nunes n'a pas été blanchi dans cette affaire et qu'il ne devrait pas se mêler de l'enquête russe.

Le 29 janvier 2018 deviendra peut-être une date marquante dans l'histoire de la présidence de Donald Trump et peut-être même de la démocratie américaine.