Je joins cet après-midi les partisans de Donald Trump et les «bots» russes qui scandent depuis des jours sur Twitter ou ailleurs : #ReleaseTheMemo. Ne serait-ce que pour ne plus avoir un jour à en entendre parler.

Si l'on se fie à plusieurs médias, le président est persuadé que ce mémo sur le FBI discréditera l'enquête russe menée par le procureur spécial Robert Mueller et justifiera même le licenciement du numéro deux du ministère de la Justice Rod Rosenstein.

Le rôle de Rosenstein dans cette histoire est capital. Il ne fait pas que superviser l'enquête de Mueller. Il est responsable du rapport que le procureur spécial remettra à la fin de l'enquête. Il pourra décider si le rapport sera publié ou non, si des accusations méritent d'être portées ou non contre le président ou des membre de son entourage, ou si des recommandations doivent être formulées ou non au Congrès concernant une procédure éventuelle de destitution à l'encontre du président.

On peut penser que Donald Trump aimerait lui trouver un successeur plus, disons, loyal.

Le président irait évidemment à l'encontre des responsables du ministère de la Justice et du FBI en donnant la feu vert à la diffusion de ce mémo, dont j'ai évoqué hier dans ce billet le contenu. Le ministère a estimé que cette action serait «extraordinairement imprudente», alors que le FBI a exprimé des «sérieuses préoccupations» sur l'exactitude du document de quatre pages.

Bref, Donald Trump prendrait une décision sans précédent pour miner la crédibilité d'une enquête qui le vise. Ça, c'est sérieux.

À noter que le journaliste du site Axios Jonathan Swan, qui a de bonnes sources au sein de la Maison-Blanche, fait état aujourd'hui des doutes de certains proches du président sur la pertinence même du mémo. Ceux-ci emploient le mot «dud» pour qualifier le document.

Un «dud», c'est quelque chose de nul ou de raté.

On verra bientôt, je l'espère, ce qu'il en est vraiment du contenu de ce mémo. Pour ce qui concerne la façon dont le document aura vu le jour, on sait déjà qu'il s'agit d'une catastrophe dont on rirait si elle ne remettait pas en cause la tradition bipartite de la commission de la Chambre sur le Renseignement et si elle ne risquait pas d'entraîner les États-Unis dans une crise constitutionnelle.