Devin Nunes a fait un aveu extraordinaire hier. Dans une entrevue accordée à Fox News, le président de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants a déclaré que la demande de mandat d'écoute formulée par le FBI devant un juge de la cour FISA contenait une «note de bas de page» indiquant que le dossier sur lequel elle reposait en bonne partie était politiquement motivé.

L'aveu mine le point crucial de la note des républicains de la Chambre publiée vendredi dernier sur les abus de pouvoir présumés du FBI et du ministère de la Justice. Cette note de trois pages et demie reproche à ces agences gouvernementales d'avoir caché les origines politiques du dossier compilé par l'ancien espion britannique Christopher Steele.

Nunes a admis l'existence de cette «note de bas de page», tout en accusant le FBI et le ministère de la Justice de ne pas avoir assez été explicite sur les origines du dossier, financé indirectement et partiellement par le Parti démocrate et l'équipe de campagne d'Hillary Clinton.

«Une note de page disant que quelque chose peut être politique est une chose bien différente que de dire aux Américains que les démocrates et la campagne d'Hillary ont payé pour les ragots que le FBI a utilisés pour obtenir un mandat permettant d'espionner un citoyen américain faisant partie d'une autre campagne», a-t-il dit.

Cette réponse est le sommet de la stupidité, de la mauvaise foi ou de la malhonnêteté. La note de bas de page, dont les républicains n'ont pas dit un mot dans leur fameux mémo, ne s'adressait pas au public américain mais à un juge de la cour FISA. Qui plus est, Carter Page ne faisait plus partie de l'équipe de campagne de Donald Trump lorsque le FBI a formulé sa demande de mandat d'écoute.

Nunes a fait son aveu quelques heures avant que la commission du Renseignement de la Chambre ne vote à l'unanimité en faveur de la diffusion d'une note de dix pages rédigée par les démocrates pour répliquer à celle des républicains. Donald Trump a cinq jours pour décider s'il donnera le feu vert à la publication de ce document.

Selon cet article du New York Times, si le président s'oppose à la diffusion de la note, les démocrates pourront demander à l'ensemble de la Chambre de renverser cette décision à l'occasion d'un vote à huis clos.

Notons que le président a qualifié Nunes de «grand héros américain» après son interview sur Fox News et dénigré le numéro un des démocrates au sein de la commission du Renseignement de la Chambre, Adam Schiff, en le traitant notamment de «menteur» sur Twitter.

Pour finir : le Times rapporte que les avocats de Donald Trump ne veulent pas qu'il accepte d'être interviewé dans le cadre de l'enquête russe, craignant qu'il ne soit accusé de mentir aux enquêteurs.