Par l'entremise de Kellyanne Conway, Donald Trump a affirmé hier que John Kelly gardait toute sa confiance et qu'il ne cherchait pas à le remplacer à la suite des allégations de violences conjugales ayant entraîné mercredi dernier la démission de Rob Porter, secrétaire du personnel de la Maison-Blanche.

Le chef de cabinet de la Maison-Blanche n'en est pas moins aujourd'hui un homme fortement diminué, sa crédibilité étant non seulement mise en cause par les médias mais également par des membres de son personnel.

S'il faut en croire la version du général à la retraite, Porter l'a informé mardi qu'un article était sur le point de paraître concernant des allégations d'abus verbaux et psychologiques formulées à son sujet par ses deux ex-femmes. Kelly lui aurait aussitôt demandé s'il s'agissait de violences conjugales. Porter aurait répondu par la négative. Après la publication de l'article du Daily Mail, Kelly aurait réalisé que Porter lui avait menti et il aurait exigé sa démission 40 minutes plus tard. Porter aurait obtempéré immédiatement.

Cette version fait bien paraître John Kelly. Mais elle est contredite par la version présentée publiquement par la Maison-Blanche. Mardi, après avoir été appelée par le Daily Mail à commenter les allégations des ex-femmes de Porter, l'équipe de communications de la Maison-Blanche a informé Kelly des violences conjugales dont Porter était accusé. Avec l'aide du chef de cabinet, elle a rédigé une première déclaration défendant Porter. Le lendemain, elle a précisé que personne n'avait exigé la démission de Porter. Kelly a lui-même vanté l'intégrité et l'honneur de son subalterne âgé de 40 ans. À la fin de la journée, il s'est cependant dit «choqué des nouvelles allégations» après avoir vu les photos d'une des ex-femmes de Porter exhibant un oeil au beurre noir.

Cinq jours plus tard, ces deux versions continuent à coexister, contribuant au chaos de la Maison-Blanche auquel Kelly devait tenter de mettre fin. Fait remarquable, des membres du personnel de la Maison-Blanche ont déclaré à des journalistes sous le couvert de l'anonymat que Kelly leur avait soit menti soit demandé de mentir concernant le scandale des violences conjugales.

Car il s'agit bien d'un scandale. En raison du chantage dont il aurait pu faire l'objet, Porter n'aurait jamais dû occuper le poste qu'on lui a confié à la Maison-Blanche, où il avait accès à des documents classifiés. Comment se fait-il que le conseiller juridique de la Maison-Blanche ou le chef de cabinet de la Maison-Blanche n'ont pas réagi il y a plusieurs mois en apprenant que Porter ne parvenait pas à obtenir une autorisation de sécurité permanente à cause de problèmes dans son passé. Et l'on ne parle même pas de l'indifférence avec laquelle la question des violences conjugales a semblé être traitée par Kelly et compagnie.

Pas étonnant que Kelly et la Maison-Blanche ne parviennent pas à s'entendre sur une version des faits.