Les élus républicains réunis autour de Donald Trump n'en croyaient pas leurs oreilles. Quant aux démocrates, ils cachaient mal leur joie ou leur hilarité.

Alors que les caméras de télévision étaient braqués sur lui, le président s'est fait l'apôtre hier du contrôle des armes à feu et a appelé ses interlocuteurs à appuyer un projet de loi dénoncé depuis des années par la National Rifle Association et une grande majorité de son parti.

Ce projet de loi renforcerait les vérifications pour les achats d'armes à feu effectués dans les foires et sur l'internet, empêcherait les personnes souffrant de troubles mentaux d'acheter des armes à feu et interdirait la vente de certaines armes aux jeunes de 18 à 20 ans. Le président a même évoqué la nécessité de lancer un débat sur l'interdiction des armes à feu.

Il ne s'est cependant pas arrêté là. En parlant de la nécessité d'empêcher les personnes atteintes de maladies mentales de posséder des armes à feu, il a fait une suggestion qui a donné froid dans le dos à la NRA et qui aurait fait descendre dans la rue les partisans endurcis du deuxième amendement si elle était venue de Barack Obama.

«J'aimerais saisir les armes tôt», a dit Donald Trump (voir la vidéo qui coiffe ce billet) avant d'ajouter : «Prendre les armes d'abord et suivre la procédure juridique par la suite.»

Ce volte-face apparent de Donald Trump est-il sincère? Le scepticisme est de rigueur. La mise en scène d'hier faisait penser à la rencontre télévisée entre le président et des parlementaires républicains et démocrates sur l'immigration. Le chef de la Maison-Blanche avait alors promis une «loi d'amour» pour régler la situation des «Dreamers». On connaît la suite. Faisant fi de cette promesse, il avait fini par endosser une proposition nativiste rejetée non seulement par les «Dreamers» mais également par les démocrates du Congrès.

Sentant le vent tourné sur les armes à feu, le président a vraisemblablement senti le besoin de démontrer un certain courage face à la NRA, sachant que ses propositions resteraient lettres mortes. Ironiquement, il a accusé un sénateur républicain - Patrick Toomey de Pennsylvanie - de manquer de courage face au lobby des armes à feu, alors que Toomey a perdu l'appui de la NRA après avoir parrainé avec le sénateur démocrate de Virginie-Occidentale Joe Manchin le projet de loi qu'il venait lui-même de défendre!

Comment les interlocuteurs ont-ils pu s'empêcher de se dire «non mais quel imbécile»?