«Quand un pays [les États-Unis] perd des milliards de dollars en commerçant virtuellement avec tous les pays avec lesquels il fait des affaires, les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner.»

En lisant ce gazouillis de Donald Trump hier matin, plusieurs économistes ont dû se pincer pour s'assurer qu'ils ne rêvaient.

Faciles à gagner, les guerres commerciales? Mark Zandi, principal économiste chez Moody's Analytics répond par la négative. Selon ses calculs, si le président américain donne suite à sa menace de taxer les importations d'acier et d'aluminium et que la réplique ne va pas plus loin que les mesures envisagées par l'Union européenne - application de tarifs douaniers de 25% sur environ 2,8 milliards d'euros d'importations en provenance des États-Unis -, l'économie américaine perdra cette année 0,1% de sa production. Une telle baisse se traduirait par la perte de 190 000 emplois.

La perte d'emplois pourrait cependant s'élever à 1,8 million d'emplois si le Canada et le Mexique annoncent des mesures de représailles qui poussent les États-Unis à se retirer de l'ALENA, selon Zandi. Et si la guerre commerciale devient mondiale, ce sont près de quatre millions d'emplois que les États-Unis pourraient perdre.

Faciles à gagner, les guerres commerciales? Le Tennessee répond peut-être déjà par la négative. Hier, le géant suédois Electrolux a annoncé le report d'un investissement de 250 millions de dollars dans cet État à la suite des menaces commerciales du président américain.

À noter que les représailles de l'Union européenne toucheraient notamment les motos Harley-Davidson fabriquées au Wisconsin (l'État du président de la Chambre des représentants Paul Ryan), le bourbon distillé au Kentucky (l'État du chef de la majorité au Sénat Mitch McConnell) et les jeans Levi's dont le siège se trouve en Californie (l'État de la chef de la minorité à la Chambre Nancy Pelosi).

Reste à voir si les dirigeants du Congrès peuvent forcer Donald Trump à revenir sur ses menaces.