Les sondages sont unanimes : dans la foulée de la fusillade de l'école secondaire de Parkland, une forte majorité d'Américains sont en faveur de nouvelles lois sur les armes à feu, incluant le renforcement du système de vérification des antécédents des acheteurs d'armes. Donald Trump s'est lui-même dit en faveur de cette mesure et de plusieurs autres lors de sa performance télévisée de mercredi dernier en compagnie de parlementaires républicains et démocrates médusés, troublés ou enthousiasmés.

Mais ce n'était justement qu'une performance. Après une rencontre à la Maison-Blanche avec le président, Christopher Cox, principal lobbyiste de la National Rifle Association, a écrit sur Twitter : «Le président et le vice-président appuient le deuxième amendement, appuient une solide procédure régulière et ne veulent pas de contrôle des armes.»

Le chef de la majorité au Sénat Mitch McConnell a pour sa part trouvé une excuse bidon pour remettre aux calendes grecques l'étude d'un projet de loi pour renforcer le système de vérification des antécédents afin de focaliser cette semaine l'attention des sénateurs sur un projet de loi qui n'intéresse personne sauf les banquiers.

Dix ans après une crise financière qui a plongé les États-Unis dans une profonde récession, la majorité républicaine du Sénat examine ainsi une mesure qui affaiblira la loi Dodd-Frank, la réforme de Wall Street adoptée en 2010 pour éviter qu'une telle crise ne se répète. Cette mesure a pour but de soustraire les institutions financières contrôlant entre 50 milliards et 250 milliards de dollars d'actifs aux mécanismes de surveillance les plus sévères de la Fed.

Moins de dix banques américaines ont plus de 250 milliards d'actifs.

Ce projet de loi a de bonnes chances d'être adopté, car il jouit de l'appui de certains sénateurs démocrates, dont ceux qui représentent des États conservateurs comme le Montana, le Dakota du Nord et l'Indiana.

La sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren n'accepte cependant pas les motifs invoqués par ses collègues démocrates pour justifier leur appui à la proposition républicaine. «En ce dixième anniversaire d'un énorme krach financier, le Congrès ne devrait pas adopter de lois qui font reculer la réglementation des banques de Wall Street», a-t-elle dit au Washington Post. «Le projet de loi permet à 25 des 40 plus grandes banques aux États-Unis d'échapper à une surveillance plus élevée comme si elles n'étaient que de petites banques communautaires qui n'ont aucune impact sur l'économie.»

L'on peut déjà prédire que Donald Trump, qui a fait campagne contre l'influence nocive de Wall Street, n'hésitera pas à promulguer le projet de loi de McConnell et cie.

Drain the swamp, qu'il disait.