C'est ce qui s'appelle mettre la charrue devant les boeufs. Donald Trump a accepté hier de rencontrer Kim Jong-un sans passer par la longue et laborieuse étape des négociations entre diplomates et experts de leurs pays respectifs sur le contentieux nucléaire nucléaire et balistique qui oppose la communauté internationale à la Corée du Nord. Il peut défendre son approche en affirmant que le respect des traditions diplomatiques n'a pas été gage de succès par le passé face au régime stalinien des Kim.

Mais peut-on vraiment croire que le président américain obtiendra ce qu'il recherche - la dénucléarisation  de la Corée du Nord - lors d'un sommet éventuel avec Kim Jong-un? Le dictateur nord-coréen ne participerait-il pas à un tel sommet pour démontrer que ses investissements en matière nucléaire et balistique ont forcé le président américain à le traiter d'égal à égal, ce que ni son grand-père ni son père n'ont accompli, comme le rappelle Jeffrey Lewis, spécialiste du contrôle des armes nucléaires? Suivant cette logique, quel intérêt aurait-il à dénucléariser son régime?

Un sommet diplomatique est évidemment préférable à une guerre. Il pourrait même réserver des surprises menant à une réduction ou même à l'élimination de la menace que constitue l'arsenal nucléaire de la Corée du Nord. Mais quelle serait la réaction de Donald Trump s'il devait conclure que Kim Jong-un a voulu se jouer de lui?

Il serait sans doute rassurant de penser que le président américain est entouré d'experts de la Corée du Nord auxquels il accordera toute son attention. Mais ceux-ci ne pullulent pas au sein de son administration. Le principal négociateur du département d'État pour la Corée du Nord, Joseph Yun, a annoncé son départ, emboîtant le pas à des dizaines de ses collègues. Et un autre négociateur d'expérience, Victor Cha, pressenti pendant un certain temps pour devenir ambassadeur en Corée du Sud, a été écarté en raison de ses critiques de frappes éventuelles contre les installations nucléaires nord-coréeennes.

Mais si ces experts (ou d'autres) étaient disponibles, Donald Trump voudrait-il vraiment les écouter?