Depuis le début de l'enquête russe menée par la Commission du Renseignement de la Chambre des représentants dont il est le président, Devin Nunes semble multiplier les manoeuvres pour protéger Donald Trump. Il y a un an, le représentant républicain de Californie se prêtait à une opération digne de l'inspecteur Clouseau pour consulter des documents top secret appuyant prétendument la déclaration mensongère du président selon laquelle Barack Obama l'avait mis sur écoute.

En février dernier, il orchestrait la diffusion d'un mémo accusant le FBI et le ministère de la Justice d'avoir omis des informations cruciales pour obtenir l'autorisation de mettre sur écoute Carter Page, ancien conseiller de la campagne présidentielle de Donald Trump. Peu après la diffusion du document, il reconnaissait que les informations se trouvaient en fait dans une note de bas de page.

Et voilà que les républicains de la Commission dirigée par Nunes portent le grand coup en mettant fin de façon abrupte à l'enquête sur l'ingérence russe dans l'élection présidentielle de 2016, sans en avertir leurs collègues démocrates, et en publiant un rapport niant non seulement toute collusion entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie mais également la préférence de Vladimir Poutine pour Donald Trump face à la candidate démocrate Hillary Clinton.

Cette préférence, rappelons-le, ne fait pourtant pas de doute selon les services de renseignement américains. Quant à la possibilité d'une collusion, elle peut difficilement être écartée à ce stade-ci compte tenu des nombreux liens inexpliqués entre l'équipe Trump et les Russes. Liens sur lesquels les Paul Manafort, Rick Gates, George Papadopoulos et Michael Flynn, entre autres, auraient pu jeter un éclairage essentiel s'ils avaient témoigné devant la commission, ce qu'il n'ont pas fait!

La conclusion du rapport d'enquête des républicains a évidemment comblé le président, qui a réagi en publiant un tweet en lettres majuscules. «La commission du Renseignement de la Chambre n'a, après une longue enquête approfondie de 14 mois, trouvé aucune preuve de collusion ou de coordination entre la campagne Trump et la Russie pour influencer l'élection présidentielle 2016», a écrit Donald Trump.

Les démocrates ont vu dans la manoeuvre des républicains une «capitulation devant l'Exécutif» ou une «tentative de camouflage». Pendant ce temps-là, l'enquête de Robert Mueller ne fait que prendre de l'ampleur, ayant déjà soutiré des plaidoyers de culpabilité à quatre anciens membres de l'équipe de campagne de Donald Trump et annoncé plusieurs inculpations.