Tous les journaux américains, dont le New York Times, le Washington Post et le Daily News de New York, publient aujourd'hui à la une des photos ou des articles sur l'interview accordée par l'actrice et réalisatrice de films pornographiques Stormy Daniels à l'émission 60 Minutes, qui a dû connaître une de ses meilleures soirées sur le plan des cotes d'écoute.

Habillée d'un chemisier rose conservateur et maquillée sobrement, Stormy Daniels, de son vrai nom Stephanie Clifford, a révélé d'une voix assurée les menaces dont elle dit avoir fait l'objet en 2011 après avoir accepté 15 000$ pour raconter à un magazine sa liaison sexuelle présumée avec Donald Trump. Elle dit qu'un étranger l'a abordée dans un parking à Las Vegas alors qu'elle se trouvait avec sa petite fille.

«Laissez Trump tranquille. Oubliez l'histoire», lui aurait dit l'homme. Puis, en fixant sa fille, il aurait ajouté : «C'est une belle petite fille. Ce serait dommage que quelque chose arrivait à sa mère.»

Le groupe Bauer Publishers, qui avait versé 15 000$ à Daniels, n'a pas publié l'histoire à l'époque après avoir été menacé de poursuites par l'avocat personnel de Donald Trump, Michael Cohen.

Daniels a affirmé que ces menaces présumées, qu'elle n'a pas dénoncées à la police, ont joué dans sa décision de signer un accord de confidentialité de 130 000$ avec Cohen, à quelques jours de l'élection présidentielle de 2016. Elle dit aujourd'hui vouloir donner sa version des faits après avoir été traitée de menteuse. L'appât du gain n'influence pas sa démarche, a-t-elle répété, même si elle admet recevoir des sommes importantes pour participer à une tournée dans des bars intitulée Make American Horny Again.

Donald Trump nie avoir eu une liaison sexuelle avec Stormy Daniels ou être au courant de l'accord de confidentialité. Le versement de 130 000$ à Daniels fait aujourd'hui l'objet de plaintes devant le ministère de la Justice et de la Commission des élections fédérales. Il s'agit de déterminer si Trump ou son avocat ont enfreint la loi sur le financement électoral.

L'interview de Daniels comportait plusieurs détails croustillants. Mais l'avocat de la star du porno, Michael Avenatti, estime que l'enjeu de cette affaire est l'intimidation exercée par l'entourage du président pour empêcher sa cliente de parler et le camouflage auquel il se livre pour cacher la vérité. Daniels a déposé une plainte pour invalider l'accord de confidentialité qu'elle a signé au prétexte que Donald Trump n'y a pas mis sa griffe.

Reste que ce sont sans doute les détails croustillants que retiendra le public. Stormy Daniels a notamment raconté qu'elle avait demandé à Trump de baisser son pantalon et lui avait donné la fessée avec un magazine lui consacrant sa une pour qu'il cesse de ne parler que de sa propre personne lors de leur première rencontre.

Par la suite, Trump aurait dit à Daniels qu'elle était belle et intelligente et qu'elle lui faisait penser à sa fille Ivanka. C'est le même compliment qu'il aurait servi à Karen McDougal, l'ex-Playmate qui prétend avoir eu une liaison de dix mois avec Trump en 2006 et 2007.

Stormy Daniels a précisé qu'elle avait rencontré Donald Trump à une autre reprise mais qu'elle avait refusé d'avoir un deuxième rapport sexuel avec lui. Elle ne l'a pas revu après qu'il n'a pas donné suite à son offre de la faire participer à l'émission The Apprentice. Elle n'a ni confirmé ni infirmé être en possession de textos, photos ou autres documents prouvant sa liaison avec Trump.

Au moment d'écrire ces lignes, Donald Trump n'avait pas encore réagi aux propos de Daniels.«Il sait que je dis la vérité», a dit l'actrice porno à la fin de l'interview.

On a l'impression qu'elle est en train de battre Trump à son propre jeu.