«Nous allons égaler leurs nombres. Nous ne prenons pas les devants. Nous égalons.» Selon cet article du Washington Post publié dimanche, Donald Trump a prononcé ces mots en mars dernier lorsque ses conseillers l'ont informé que les États-Unis expulseraient 60 diplomates et agents russes en représailles de l'empoisonnement de l'ancien espion russe Sergueï Skripal au Royaume-Uni. Autrement dit, le président était d'accord avec cette mesure en autant que les pays d'Europe «égalaient» ce nombre.

Or, toujours selon le Post, Donald Trump a pété les plombs en apprenant que la France et l'Allemagne n'expulseraient que quatre diplomates russes chacun. Ses conseillers ont tenté en vain de le calmer en lui disant que le total des diplomates et agents russes expulsés par les pays européens égalait à peu près celui des États-Unis. «Je me fous du total!» a-t-il crié en multipliant les jurons.

Le Post raconte cette histoire pour illustrer les divergences qui existent au sein de l'administration Trump face à la Russe: le président résiste de façon instinctive ou épidermique aux mesures les plus punitives envers le régime de Vladimir Poutine que ses conseillers finissent parfois à lui faire accepter.

Mais ces mêmes conseillers semblent avoir frappé un noeud hier. Dimanche, l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU Nikki Haley a annoncé que le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin annoncerait le lendemain de nouvelles sanctions contre la Russie. Celles-ci viseraient les compagnies russes ayant contribué au programme d'armement chimique de la Syrie.

Or, Donald Trump a écarté hier l'imposition de ces sanctions jusqu'à nouvel ordre. Il n'a pas seulement miné la crédibilité de Nikki Haley mais contredit sa propre déclaration selon laquelle la Russie et l'Iran auraient un «fort prix à payer» pour leur appui au régime de Bachar al-Assad, accusé de l'attaque chimique qui a entraîné des frappes occidentales.

Selon un responsable de la Maison-Blanche qui s'est exprimé sous le couvert de l'anonymat, le président estime que ces nouvelles sanctions n'étaient pas nécessaires parce que la réponse de Moscou aux frappes occidentales s'est résumée à son avis à des paroles en l'air.

Confus? Vous avez bonne compagnie. À propos de la politique en zigzag de l'administration Trump face à la Russie, un spécialiste américain a observé : «De façon générale, les autres gouvernements ne savent pas s'ils doivent rire ou pleurer de tout cela. Mais en Russie, le rire prédomine.»