Les journalistes du Washington Post et du New York Times affectés à la couverture de la Cour suprême des États-Unis arrivent à la même conclusion : les cinq juges conservateurs de la plus haute instance (sur un total de neuf) semblent être prêts à donner raison à l'administration Trump dans la cause qui l'oppose à l'État de Hawaï concernant la plus récente mouture de son décret migratoire.

En octobre dernier, un juge fédéral de Hawaï avait conclu que le décret effectuait une discrimination fondée sur la nationalité, suspendant largement son application et offrant un répit aux ressortissants yéménites, syriens, libyens, iraniens, somaliens et tchadiens.

Aujourd'hui, l'avocat de l'administration Trump a fait valoir que le décret migratoire ne pouvait être assimilé à une interdiction ciblant les musulmans puisque le texte exclut «la vaste majorité du monde musulman». Le juge Samuel Alito a été séduit par cet argument, fournissant lui-même des statistiques pour l'étayer.

«Je pense qu'il y a 50 pays à majorité musulmane dans le monde. Cinq pays à majorité musulmane se retrouvent sur cette liste», a-t-il dit.

Le juge Anthony Kennedy, qui vote parfois avec les quatre juges progressistes de la cour, a demandé à l'avocat de Hawaï d'expliquer pourquoi les juges devraient substituer leur jugement à celui du président en matière de sécurité nationale. L'avocat a répondu que le décret formulait une politique reflétant l'animosité du président envers les musulmans et nécessitait, de ce fait, l'intervention de la Cour suprême. L'argument n'a pas semblé convaincre le juge Kennedy et encore moins le président de la cour, John Roberts.

À noter que l'État de Hawaï n'a pas contesté l'application du décret aux ressortissants des deux autres pays ciblés par l'administration Trump, la Corée du Nord et le Venezuela.

À la veille de cette audition de la Cour suprême sur le décret migratoire de l'administration Trump, un troisième juge fédéral a infligé une défaite au président concernant sa décision d'éliminer le programme DACA. Le juge du district de Columbia est allé plus loin que ses collègues en décrétant que l'administration Trump ne devait pas seulement procéder au renouvellement des permis de séjour des Dreamers mais également accepter les nouvelles demandes de permis de séjour.