Le secteur humanitaire, en proie à des scandales sexuels, se trouve à un « tournant de son histoire », a estimé vendredi le directeur du Comité international de la Croix-Rouge, jugeant nécessaire un « changement de culture » au sein du CICR.

« Il est extrêmement important que le silence qui entourait ces questions ait été brisé. L'ensemble du secteur humanitaire se trouve à un tournant de son histoire », a indiqué Yves Daccord, dans une déclaration écrite.

« Nous devons rester humbles, écouter attentivement les communautés et les membres du personnel et reconnaître qu'un changement de culture doit être opéré dans notre institution », a-t-il ajouté.

Cet appel survient dans le sillage du vaste scandale touchant l'organisation britannique Oxfam, incluant des faits de prostitution en Haïti. Vient s'ajouter la démission du numéro deux de l'Unicef, le Britannique Justin Forsyth, accusé de comportement inapproprié envers des femmes alors qu'il travaillait pour l'organisation Save the Children.

Le directeur général adjoint d'Onusida, accusé d'agression sexuelle par une employée, mais blanchi par une enquête interne de l'ONU, a également annoncé son départ de l'agence.

Au CICR, tous les membres du personnel ont l'obligation contractuelle de respecter le Code de conduite du CICR, qui s'applique depuis 2006 et qui interdit explicitement l'achat de services sexuels. Cette interdiction s'applique « en toutes circonstances et dans le monde entier, y compris les pays où la prostitution est légale », précise l'organisation, qui emploie plus de 17 000 personnes.

« Avoir recours au sexe tarifé est incompatible avec les valeurs et la mission de l'institution », relève M. Daccord.

Depuis 2015, le CICR a identifié 21 membres du personnel qui ont été licenciés pour recours au sexe tarifé ou qui ont démissionné après l'ouverture d'une enquête interne. Par ailleurs, les contrats de deux autres membres du personnel suspectés d'« inconduite sexuelle n'ont pas été renouvelés ».

Mais « nous craignons que d'autres incidents n'aient pas encore été signalés ou n'aient pas été traités comme il se doit après leur signalement » et « nous prenons actuellement des mesures pour remédier à ce problème », souligne le directeur du CICR.

L'organisation précise avoir mis en place une adresse électronique confidentielle pour que ses collaborateurs puissent signaler les « comportements répréhensibles ».