Après Oxfam et Médecins sans frontières, c'était au tour de CARE, une autre organisation humanitaire d'envergure, de rapporter de multiples cas d'inconduite sexuelle parmi ses employés.

Les dirigeants de CARE International ont indiqué dans une déclaration affichée discrètement sur le site internet de l'organisation qu'une quinzaine d'employés avaient été congédiés en 2017 en lien avec des allégations de ce type.

Le document précise que 13 employés se sont vu reprocher l'année dernière d'avoir agressé ou exploité sexuellement des « membres de la communauté » à qui ils devaient venir en aide. Après enquête, sept d'entre eux ont été congédiés. Un huitième a démissionné.

Une quinzaine de cas de harcèlement sexuel ont parallèlement été signalés à l'organisation, qui a congédié après enquête quatre des employés concernés. Les contrats de deux autres employés ciblés n'ont pas été renouvelés et deux autres ont écopé d'avertissements formels.

« Comme organisation qui défend énergiquement les droits des femmes et des filles, CARE reconnaît la responsabilité particulière que nous avons de protéger les gens avec qui on travaille contre l'abus et l'exploitation sexuels », a relevé le secrétaire général de CARE International, Laurie Lee.

« Qu'un membre de notre personnel abuse de qui que ce soit est totalement inacceptable. » - Laurie Lee, secrétaire général de CARE International

Le service de communications n'a pas donné suite hier aux demandes de La Presse visant à préciser si les employés sanctionnés ont été dénoncés aux autorités locales et ensuite poursuivis en justice.

Il a été impossible par ailleurs de savoir si les individus en question continuent d'évoluer dans le monde humanitaire.

DES CAS PARMI LES ONG CANADIENNES

CARE Canada, une des 14 organisations nationales membres du réseau de CARE International, a indiqué hier qu'il n'était « pas possible » de préciser si des membres de son personnel figuraient parmi les coopérants sanctionnés.

Plusieurs autres organisations humanitaires canadiennes, dont Oxfam-Québec, Oxfam-Canada et la Croix-Rouge canadienne, ont reconnu au cours de la dernière semaine avoir été aux prises avec des cas d'inconduite sexuelle dans un passé récent.

Le nombre de cas recensés est cependant largement inférieur à celui qui a été signalé globalement par Oxfam, Médecins sans frontières et CARE, en partie parce que les organisations locales comptent bien moins de personnel sur le terrain.

Médecins du monde Canada et Humanité et Inclusion Canada, anciennement Handicap International Canada, affirment n'avoir jamais fait face à des allégations de cette nature.

C'est également ce qu'indique la Fondation Paul Gérin-Lajoie, qui a diffusé un communiqué mardi pour souligner son intention de « bonifier le code d'éthique » régissant le comportement de ses coopérants.

L'organisation, qui dit prendre « très au sérieux » les allégations d'inconduite sexuelle, a précisé ne pas avoir de cas de cette nature à déclarer.

« Il n'y a pas de cas qui ont été dénoncés. Ça ne veut pas dire qu'il n'y en a jamais eu. » - Noémie Boucher, porte-parole de la Fondation Paul Gérin-Lajoie

L'intérêt porté à la question des inconduites sexuelles dans le milieu humanitaire découle de révélations récentes ciblant Oxfam Grande-Bretagne, qui se voit reprocher notamment d'avoir caché en 2011 les inconduites de sept employés envoyés en Haïti.

Quatre d'entre eux, notamment le directeur de l'organisation en Haïti, ont fait appel à des prostituées. Ils ont pu quitter le pays sans que la police locale ne soit alertée de la situation.

La direction d'Oxfam peine à contenir les retombées du scandale, qui a amené notamment le gouvernement britannique à suspendre le versement de toute subvention additionnelle à l'organisation.

Les autorités haïtiennes ont annoncé l'ouverture d'une enquête au sujet du personnel fautif d'Oxfam Grande-Bretagne après avoir obtenu un rapport interne nommant les employés mis en cause.