L'ONU a demandé lundi le chiffre record de 22,2 milliards de dollars pour financer l'an prochain ses programmes d'aide humanitaire qui seront dispensés à 92,8 millions de personnes vulnérables dans le monde.

Il s'agit du «montant le plus élevé jamais demandé», a souligné le patron des opérations humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien, en conférence de presse.

«C'est le reflet d'un état des besoins humanitaires jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale», a-t-il ajouté, précisant que plus de 80 % des besoins étaient liés à des conflits créés par l'homme.

La Syrie va absorber la plus grande partie des fonds, suivie par le Soudan du Sud et le Yémen.

Chaque année, les besoins de l'ONU ne cessent de croître, et ses appels de fonds aussi, qui battent record sur record. À titre de comparaison, en 1992, lors de son premier appel interagences, l'ONU n'avait demandé que 2,7 milliards de dollars.

«De plus en plus de personnes ont des besoins humanitaires, car les crises durent de plus en plus longtemps», a relevé M. O'Brien.

En outre, «avec le changement climatique, les catastrophes naturelles vont vraisemblablement devenir plus fréquentes, plus violentes et plus sévères», a-t-il ajouté.

L'impact des sécheresses, des inondations et des phénomènes climatiques extrêmes dans le sillon d'El Nino «poussent les communautés vulnérables à la limite de la survie», constate l'ONU.

Par ailleurs, les limites imposées aux travailleurs humanitaires en termes d'accès rendent plus complexe l'acheminement de l'aide, notamment en Syrie, en Irak, au Soudan du Sud et au Yémen.

La Syrie en tête

L'ONU estime qu'en 2017, plus de 128,6 millions de personnes dans 33 pays auront besoin d'une assistance humanitaire. Mais c'est pour aider uniquement les plus vulnérables d'entre eux - 92,8 millions de personnes - que l'ONU réclame 22,2 milliards de dollars.

Pour 2016, l'appel revu à la hausse en cours d'année avec l'aggravation des conflits n'a permis de réunir que 11,4 milliards de dollars sur les 22,1 demandés, et les agences humanitaires de l'ONU terminent l'année avec un déficit de financement de 10,7 milliards de dollars, un chiffre légèrement supérieur à celui de l'an dernier.

La crise syrienne qui dure depuis 2011 va absorber la plus grande partie des fonds, entre ceux fournis pour l'aide à l'intérieur du pays (3,4 milliards de dollars, +6 %) et ceux pour l'aide aux réfugiés syriens et aux communautés des pays de la région (4,7 milliards de dollars, +3 %).

Le Soudan du Sud, en guerre depuis 2013 et où l'ONU craint qu'un processus de «nettoyage ethnique soit en cours», est la seconde priorité de cette aide avec 2,5 milliards de dollars prévus, dont 1,2 milliard sera destiné au plan régional d'aide aux réfugiés sud-soudanais.

Le troisième pays qui recevra les fonds les plus importants est le Yémen (1,9 milliard de dollars), déchiré par la guerre depuis plus de 20 mois.

L'appel de fonds porte également sur le Nigeria (plus d'un milliard de dollars), l'Afghanistan (550,2 millions) ou encore le Burundi (479,8 millions).