Le pape François a dénoncé vendredi les « atrocités terroristes » qui « détruisent le patrimoine des peuples » dans son message de Noël « Urbi et orbi », à l'issue d'une année marquée par la menace jihadiste et une vague migratoire vers l'Europe.

Comme chaque Noël, François s'est adressé depuis le palais apostolique aux dizaines de milliers de fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre, et à des millions d'autres derrière leur poste de télévision.

Dans ce troisième message de Noël de son pontificat, le chef de l'Église a condamné « les atroces actions terroristes sous les cieux d'Égypte, à Beyrouth, Paris, Bamako et Tunis », et dénoncé le fait que le terrorisme djihadiste « n'épargne pas le patrimoine historique et culturel de peuples entiers ».

Les exactions du groupe État islamique (EI) ont été aussi dénoncées par l'archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, chef spirituel des anglicans. L'EI est le « Hérode d'aujourd'hui » (le roi qui, selon la tradition chrétienne, a ordonné le massacre des innocents au moment de la naissance de Jésus) et « menace d'éradiquer les chrétiens » au Moyen-Orient, a-t-il souligné.

Dans son propre message de Noël diffusé vendredi en Grande-Bretagne, la reine Elizabeth II, évoquant des « moments de noirceur cette année », a de son côté cité l'Évangile selon Saint Jean : "La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas étouffée" ».

François a apporté son plein appui aux résolutions de l'ONU qui s'efforcent d'aider au retour de la paix en Syrie et en Libye : « Que l'entente intervenue au sein des Nations unies parvienne le plus tôt possible à faire taire le vacarme des armes en Syrie. Il est aussi urgent que l'accord sur la Libye obtienne le soutien de tous » les protagonistes.

Alors que de nouvelles violences endeuillent la Cisjordanie, François a demandé aux Palestiniens et Israéliens de reprendre « un dialogue direct », rappelant que leur conflit avait « de graves répercussions » au Moyen-Orient.

Chercher la « sobriété »

Il a lancé un nouvel appel insistant pour l'ouverture des sociétés occidentales aux migrants et réfugiés du sud, demandant d'« abondantes bénédictions pour tous ceux, qui, simples particuliers et États, s'emploient avec générosité à les secourir et les accueillir (...), les aidant à s'intégrer ».

Le pape a aussi rappelé le sort des chrétiens « persécutés dans de nombreuses parties du monde à cause de leur » foi. Et il a mentionné les conflits et tensions en Irak, an Yémen, en RDCongo, au Burundi, au Sud-Soudan, ainsi que les efforts de paix en Ukraine et en Colombie.

À Paris, où des attentats revendiqués par l'EI ont fait 130 morts le mois dernier, la sécurité avait été renforcée à l'entrée des églises.

Et les chrétiens ont célébré Noël sous haute surveillance à Niamey, près d'un an après les émeutes anti-chrétiens de janvier qui avaient fait dix morts et causé la destruction de la plupart des églises de la capitale du Niger, pays principalement musulman.

Autour du Vatican, les fidèles étaient aussi plus clairsemés, la peur d'hypothétiques attentats ayant entraîné de nombreuses annulations de voyages, en dépit du « Jubilé de la miséricorde » ouvert le 8 décembre. Soldats, gendarmes et policiers étaient déployés en grand nombre.

Dans son homélie de la messe de minuit dans la basilique Saint-Pierre, Jorge Bergoglio avait exhorté jeudi soir les 1,2 milliard de catholiques à chercher le « sens de la justice » et « la sobriété ».

« Dans un monde qui est trop souvent dur avec le pécheur et mou avec le péché, il faut cultiver un fort sens de la justice. Dans une société souvent éprise de consommation et de plaisir, d'abondance et de luxe, d'apparence et de narcissisme, Dieu nous appelle à un comportement sobre », a lancé le pape argentin.

Élisabeth II livre un message d'espoir

La lumière triomphe des ténèbres, a déclaré la reine Elizabeth II dans son traditionnel message de Noël, en référence à une année 2015 marquée par la multiplication des attaques terroristes, dont dernièrement à Paris.

«Il est vrai que le monde a été confronté à des moments de noirceur cette année, mais l'Évangile selon Jean contient un verset plein d'espérance (...): +La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas étouffée+», a dit la reine, dans ce message à forte connotation religieuse, comme de coutume.

Vêtue d'une robe en tweed blanche et argent dessinée par Angela Kelly, Elizabeth II a également rappelé que le Christ avait été «déplacé et persécuté» pendant toute sa vie, une allusion à la crise des réfugiés selon plusieurs médias britanniques.

La déclaration, préenregistrée à Buckingham Palace, a été diffusée vendredi à 15H00 GMT. Quelques extraits avaient été publiés par avance.

Elizabeth II a remercié aussi «les personnes qui apportent amour et joie dans nos vies», à commencer par la famille, alors que trois photos montrant le prince William et sa famille, le prince Charles et son épouse et la dernière la représentant avec son époux Philip, trônaient sur le bureau devant laquelle elle s'est exprimée.

Elle a également fait une allusion à son arrière-petite-fille, la princesse Charlotte, née en mai, et à son 90e anniversaire qu'elle fêtera le 21 avril 2016, une année qui s'annonce «chargée», a-t-elle dit.

Chaque 25 décembre depuis son accession au trône, la souveraine s'adresse au Royaume-Uni et au Commonwealth, dans un message qui est diffusé à la télévision depuis 1957. Elle poursuit ainsi une tradition lancée par son grand-père George V en 1932 à la radio.

Non visé par le gouvernement, ce message est l'une des rares occasions dont dispose la reine pour exprimer ses opinions personnelles.

La reine a, comme d'habitude, passé le jour de Noël à Sandringham House, résidence royale du Norfolk, dans l'est de l'Angleterre.

Elle y a assisté, avant le déjeuner, à la messe de Noël en compagnie notamment du prince Charles, du prince William et de son épouse Kate.

Environ un millier de badauds attendaient la famille royale devant l'église Sainte-Marie-Madeleine. Ils ont été nombreux à exprimer leur déception de ne pas pouvoir saluer les enfants de William et Kate, le prince George et la princesse Charlotte, qui étaient restés au chaud.

Photo Reuters

Élisabeth II