Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a critiqué jeudi soir les 32 députés dissidents de son parti de gauche radicale Syriza qui ont voté «non» au projet de loi controversé sur les nouvelles mesures de rigueur adopté la veille par le Parlement.

«Le choix des 32 députés du groupe parlementaire (Syriza) est en contradiction avec les principes de camaraderie et de solidarité dans un moment crucial», et le parti en sort «meurtri», a dit le Premier ministre au cours d'une réunion gouvernementale, des propos cités par une source gouvernementale.

M. Tsipras a perdu sa majorité parlementaire au cours de ce vote, puisque la coalition au pouvoir n'avait que 11 sièges de plus que la majorité absolue, soit 162 députés sur les 300 du Parlement.

Sur les 149 députés du groupe parlementaire de Syriza, 32 députés, dont trois ministres et la présidente du Parlement ont voté «non», 6 se sont abstenus et une députée était absente. En revanche, les 13 députés du parti souverainiste des Grecs Indépendants (Anel), partenaire au gouvernement de coalition, ont tous voté «oui».

La loi a finalement été adoptée grâce à l'appui des 106 députés des trois grands partis d'opposition, la droite Nouvelle-Démocratie, les socialistes Pasok et le parti de centre-gauche Potami, soit par 229 députés au total.

Plusieurs dissidents du Syriza, dont le chef du courant de la «Plateforme gauche» du parti, le ministre de l'Énergie et des Infrastructures Panagiotis Lafazanis, avaient indiqué avant le vote qu'ils n'étaient pas en faveur des nouvelles mesures mais qu'«ils soutenaient le gouvernement».

«Ce soutien (...) n'a pas de sens, car je suis dorénavant contraint de continuer avec un gouvernement basé sur un nombre minoritaire de députés par rapport aux 300» de l'Assemblée, a déploré Alexis Tsipras.

Le Premier ministre n'a cependant pas annoncé de sanctions contre ces dissidents, comme les statuts du parti lui en donneraient normalement le droit.

L'adoption de la loi, dans la nuit de mardi à mercredi, comprend un premier volet de mesures de rigueur, réclamées par la zone euro, avant un second volet qui doit être voté d'ici le 22 juillet, une condition nécessaire pour la finalisation de l'accord entre Athènes et la zone euro sur un nouveau prêt à la Grèce sur trois ans.

Ce vote a déjà déclenché le déblocage par l'UE et la BCE de sommes destinées à permettre à la Grèce de payer ses dettes de juin et juillet, et de remettre des liquidités dans un système bancaire grec en état de quasi-asphyxie depuis trois semaines.