La police a dispersé vendredi à l'aide de canons à eau et de gaz lacrymogène une manifestation d'un millier de personnes à Istanbul pour le 1er mai, qui a par ailleurs donné lieu, de Moscou à Séoul, à de vastes rassemblements.

En début d'après-midi, les forces de l'ordre sont parvenues à repousser la foule qui s'était formée dans le quartier stambouliote de Besiktas en vue de protester contre le fait que l'emblématique place Taksim avait été décrétée par le gouvernement islamo-conservateur zone interdite pour la fête du Travail.

Des échauffourées les ont ensuite brièvement opposées à de petits groupes de militants d'extrême gauche.

La police a annoncé que 203 personnes avaient été arrêtées et 24 blessées, dont six policiers.

Depuis que la place Taksim a été au coeur en juin 2013 d'une vague de manifestations sans précédent ayant visé à dénoncer la dérive islamiste et autoritaire de son régime, le président Recep Tayyip Erdogan y interdit systématiquement les rassemblements de masse.

De leur côté, les syndicats réclament chaque année de pouvoir accéder à Taksim pour honorer la mémoire des 34 personnes tuées le 1er mai 1977 par des inconnus qui y avaient ouvert le feu.

Le 1er mai 2014 déjà, de violents incidents avaient opposé manifestants et forces de l'ordre autour de cet endroit.

Moscou, Séoul, mais aussi Athènes et Milan

À Moscou, environ 100 000 personnes, selon les autorités, ont pris part au défilé pour la fête du Travail, organisé pour la deuxième fois au pied du Kremlin, sur la Place Rouge, depuis la chute, en 1991, de l'URSS. Certains agitaient des drapeaux russes et des ballons, un spectacle qui rappelait le temps de l'Union soviétique.

Dans l'ancienne capitale impériale, Saint-Pétersbourg, des manifestants ont arboré des portraits du chef de l'État russe Vladimir Poutine ainsi que de Joseph Staline.

À La Havane, les présidents cubain et vénézuélien, Raul Castro et Nicolas Maduro, ont salué les milliers de personnes qui ont marché devant eux, répondant à l'appel à l'unité pour «le socialisme».

Au Burundi, pendant qu'un défilé, exceptionnellement déplacé hors du centre-ville et boycotté par les syndicats, était organisé pour le 1er mai par le pouvoir à Bujumbura, les opposants à un 3e mandat du président Pierre Nkurunziza ont continué à manifester, et ce malgré l'interpellation par la police de près de 600 personnes en six jours.

À Séoul, plus de 100 000 personnes, selon les syndicats, 38 000 selon la police, ont pris part à deux rassemblements distincts.

«Nous écraserons par une grève générale toute tentative du gouvernement de supprimer les droits des travailleurs», a averti le président de la Fédération des syndicats coréens Kim Dong-man, le gouvernement conservateur cherchant à rendre plus simples les embauches et les licenciements en vue, dit-il, d'introduire plus de flexibilité sur le marché du travail.

À Athènes, le ministre des Finances controversé et très médiatique dans le gouvernement de gauche radicale, Yanis Varoufakis, s'est joint aux près de 2500 manifestants, d'après une source policière.

Outre le défilé des syndicats, deux autres rassemblements séparés ont eu lieu dans la capitale grecque : celui du Front de lutte des travailleurs» (PAME), un mouvement proche du parti communiste KKE, qui a, selon la police, mobilisé 7000 personnes sur la place Syntagma et un troisième, de 1500 personnes, des groupes de gauche.

Dans le même temps, de violents incidents ont éclaté à Milan entre la police et des dizaines d'opposants à l'Exposition universelle qui s'ouvrait. Ils dénonçaient le gaspillage d'argent public et le recours aux travailleurs précaires.

Par ailleurs, environ 400 000 personnes ont manifesté dans toute l'Allemagne, avec pour principal mot d'ordre la défense du salaire minimum entré en vigueur cette année, a annoncé la confédération syndicale DGB.

En revanche, au Niger, à la place du traditionnel défilé, des prières collectives ont été organisées dans les mosquées et les églises pour les 74 morts dans une attaque du groupe islamiste nigérian Boko Haram le 25 avril.