La multiplication des crises humanitaires à l'échelle de la planète a fait monter en flèche, l'année dernière, les besoins de financement de l'UNICEF, qui doit réduire la portée de certaines interventions, faute de soutien.

Dans un nouveau rapport divulgué ce matin, l'organisation internationale souligne qu'elle avait demandé en janvier dernier à ses bailleurs de fonds de lui fournir 2,1 milliards US pour 2014.

L'ampleur de l'épidémie de fièvre Ebola et l'évolution des crises en Irak ou encore à Gaza l'ont amenée en cours d'année à réviser le montant à 3,16 milliards US. Finalement, 52% de l'objectif a été atteint, selon la porte-parole de la section canadienne de l'UNICEF, Nancy Radford.

Le niveau de financement obtenu par l'organisation onusienne a largement varié selon la crise.

L'UNICEF avait prévu de dépenser 576,3 millions US pour venir en aide aux réfugiés syriens, mais elle n'a obtenu que 66% de la somme, alors que le budget requis pour faire face aux suites du typhon Haiyan, aux Philippines, a été couvert à 109%.

À l'autre extrémité du spectre, à peine 4% du budget dressé pour répondre à des besoins humanitaires en Érythrée ou encore en Côte d'Ivoire a pu être recueilli.

Selon Mme Radford, ce n'est pas la première fois que l'organisation est aux prises avec un manque à gagner important en comparaison de son objectif global de financement.

«Les crises augmentent en nombre et en importance alors que nos bailleurs de fonds font face à une réalité économique moins facile», souligne-t-elle.

L'ampleur des besoins

Les États-Unis étaient la principale source de financement de l'aide humanitaire offerte par l'UNICEF en 2014, avec un apport de 341 millions US. Le Canada a versé pour sa part 74 millions US.

L'organisation onusienne espère recueillir 3,1 milliards US pour 2015, de manière à se donner les moyens de venir en aide à 98 millions de personnes, dont 62 millions d'enfants, réparties dans plus de 70 pays.

Ses interventions permettent notamment à des populations dans le besoin d'accéder à de l'eau potable ou de la nourriture, de recevoir des soins médicaux ou psychologiques ou encore des services éducatifs.

«C'est un montant énorme, mais l'ampleur des besoins sur le terrain exige que nous y répondions efficacement. Sans les ressources requises, on ne peut pas faire tout ce qu'il y a à faire», souligne Judith Léveillée, représentante adjointe du bureau de l'UNICEF en République centrafricaine.

Cette Québécoise de 41 ans originaire de Sherbrooke note que l'organisation fait face à de nombreux défis dans ce pays d'Afrique centrale, aux prises depuis des années avec un violent conflit armé.

On compte aujourd'hui 500 000 réfugiés dans les États limitrophes, des centaines de milliers de déplacés internes répartis sur des dizaines de sites et plusieurs enclaves où des populations musulmanes sont directement menacées.

Le conflit, relève Mme Léveillée, a durement touché les enfants, qui ont été exposés à la violence, parfois forcés à y participer et privés d'école pour de longues périodes.

Dans un récent bilan, l'UNICEF relève qu'elle a réussi notamment avec ses partenaires à soutenir la réinsertion de plusieurs milliers d'enfants soldats, mener une vaste campagne de vaccination et faciliter le retour en classe de dizaines de milliers d'élèves.

Le fait que l'organisation n'ait reçu que 57% du budget fixé pour la République centrafricaine pour 2014 l'oblige cependant à faire des choix difficiles, note Mme Léveillée, qui évoque la fermeture possible de bureaux régionaux dans le pays.

«C'est frustrant quand on se dit qu'on a une équipe compétente en place, un système bien rodé pour distribuer l'aide, mais que le financement n'est pas là, indique-t-elle. Il est très difficile de mobiliser dans le contexte actuel, mais c'est notre devoir de sonner l'alarme. Ce qui se passe en République centrafricaine, en Irak ou encore en Syrie est dramatique et va avoir de graves conséquences si on n'agit pas.»

DES CONTRIBUTIONS INSUFFISANTES EN 2014

Réfugiés syriens

La guerre qui fait rage depuis 2011 au sein du pays entre le régime de Bachar al-Assad et les rebelles d'allégeances diverses a un lourd impact sur la population. Environ 8 millions d'enfants sont affectés par la crise. Près du quart d'entre eux vivent dans des camps aménagés dans les pays limitrophes.

> Aide demandée: 576,3 millions US

> Pourcentage reçu: 66%



République centrafricaine


Le petit pays d'Afrique centrale a été secoué par d'importantes violences interconfessionnelles ayant entraîné le déploiement d'une force d'intervention internationale. Selon l'UNICEF, 2,4 millions d'enfants sont touchés par la complexe crise humanitaire et sécuritaire qui y perdure.

> Aide demandée: 81 millions US > Pourcentage reçu: 57%



Afghanistan


Le conflit entre le gouvernement central et les talibans continue à faire rage alors que les troupes occidentales déployées dans le pays se sont largement retirées. La violence et diverses catastrophes naturelles ont entraîné le déplacement forcé de centaines de milliers de personnes forcées de vivre aujourd'hui dans des installations de fortune.

> Aide demandée: 60,3 millions US

> Pourcentage reçu: 35%



Territoires palestiniens

Les affrontements survenus à l'été 2014 entre l'armée israélienne et les militants du Hamas ont exposé les enfants palestiniens de la bande de Gaza à un niveau de violence «sans précédent», souligne l'UNICEF. L'organisation relève que 539 d'entre eux ont été tués et 2956 autres blessés dans le conflit.

> Aide demandée: 45,1 millions US > Pourcentage reçu: 23%



Ukraine

Des affrontements se poursuivent dans l'est du pays entre les rebelles prorusses et le gouvernement de Kiev, qui fustige la Russie pour le soutien qu'elle offre à ses adversaires. Une importante crise humanitaire touche 5,2 millions de personnes vivant dans des zones de conflit, incluant près de 2 millions d'enfants.

> Aide demandée: 32,4 millions US > Pourcentage reçu: 1