La corruption demeure solidement enracinée dans une majorité de pays de la planète, selon Transparency International, qui réclame un effort accru contre l'évasion fiscale pour décourager les détournements de fonds.

Plus des deux tiers des 175 États considérés dans l'index annuel de l'organisation, rendu public mercredi, obtiennent une note inférieure à 50 sur une échelle de 0 à 100. Un score de 0 indique un niveau de corruption très élevé, alors que le score maximal témoigne d'une absence quasi complète de corruption.

Le résultat est basé sur un sondage auprès d'une série d'experts qui donnent une cote basée sur leur perception de l'importance du problème de la corruption dans le secteur public.

Le Danemark apparaît, dans l'index, comme le modèle à suivre avec un score de 92. Il est suivi par la Nouvelle-Zélande et trois pays scandinaves - la Finlande, la Suède et la Norvège. La Corée du Nord et la Somalie ferment la marche avec un score de 8.

Le Canada se retrouve au 10e rang du classement avec un score de 81, qui demeure inchangé par rapport à l'année précédente. Il avait reculé de trois points de 2012 à 2013.

Milos Barutciski, administrateur de la section canadienne de Transparency international, estime que le pays doit mettre les bouchées doubles pour espérer rejoindre le Danemark. «Il faut pousser encore plus loin la transparence dans l'attribution des contrats publics», relève notamment le porte-parole.

Selon lui, les scandales de corruption survenus au cours des dernières années, notamment au Québec, ont déjà mené à un sérieux coup de balai, mais on peut encore faire mieux. Le lobbying et le financement politique devraient aussi être encore mieux balisés, ajoute M. Barutciski.

Alors que le Canada fait du surplace, d'autres pays ont connu des reculs, parfois surprenants.

C'est le cas notamment de la Chine, qui se retrouve au 100e rang de l'index, alors même que le gouvernement fait grand cas de sa volonté de lutter contre la corruption.

Selon Transparency International, le manque de transparence et de responsabilité du régime ainsi que l'absence de médias libres limitent l'impact de la campagne en cours, qui vise aussi bien des responsables haut placés que des petits fonctionnaires.

«Les poursuites récentes en Chine sont interprétées comme des tentatives pour faire taire des opposants au régime plutôt qu'un véritable effort pour lutter contre la corruption», souligne le rapport.

En début d'année, l'enquête d'un consortium international de journalistes a révélé que des milliers de Chinois, incluant plusieurs personnes proches du pouvoir, détenaient des sociétés dans des paradis fiscaux.

Le recours à l'évasion fiscale demeure une préoccupation importante de Transparency international, qui salue le fait que le G20 a récemment adopté un plan pour lutter contre la création de sociétés anonymes pouvant servir au blanchiment d'argent.

Le plan en question prévoit notamment que les officiels d'un pays donné puissent connaître facilement qui sont les propriétaires «réels» des entreprises enregistrées de manière à compliquer la tâche d'individus qui cherchent à cacher leur identité pour contourner impunément les lois.

L'organisation de lutte contre la corruption aimerait que des registres publics soient rendus disponibles.

«C'est un problème qui existe depuis longtemps. Il a été à l'arrière-plan pendant des années, mais le Canada et les pays du G20 essaient aujourd'hui de s'y attaquer», note M. Barutciski.

LA CORRUPTION PAR RÉGION

L'indice de Transparency international varie de 0 à 100. Un score de 0 indique un niveau de corruption très élevé, alors qu'un score de 100 indique un faible niveau de corruption.

Score moyen



> Amériques 45

> Europe de l'Ouest 66

> Europe de l'Est et Asie centrale 33

> Asie-Pacifique 43

> Moyen-Orient et Afrique du Nord 38

> Afrique subsaharienne 33