La direction de l'Organisation internationale de la Francophonie appartient à l'Afrique. Une convention non écrite fait en sorte que le siège social est à Paris, l'administration à un pays du Nord, mais le poste de secrétaire général doit échoir à un Africain.

C'est ce qu'indiquait samedi Jean-Claude de l'Estrac, candidat de son pays, l'ile Maurice, pour la succession d'Abdou Diouf, au sortir de la rencontre à huis clos des chefs de gouvernement réunis pour le 15e sommet francophone.

«Je suis un candidat de l'Afrique. C'est le fond du débat, il y a un sentiment dans le groupe africain, ce qu'on appelle le pacte de Hanoi (le sommet de 1998) du fait que le siège est à Paris, les programmes sont gérés par les pays du Nord, le secrétaire général doit être un candidat du Sud» résume-t-il.

Ces prédictions n'ont pas ébranlé Philippe Couillard qui à la sortie de la première journée du sommet samedi soir soutenait qu'aucune décision n'était prise. Un secrétaire général africain, «c'est ce que quelques pays africains voudraient, nous on insiste sur les qualités de notre candidate, son profil coïncide entièrement aux thèmes que la francophonie veut se donner, la jeunesse  et les femmes en action pour le développement» explique M. Couillard. Comme la ministre Christine St-Pierre, il observe que le président français François Hollande a eu de bons mots pour Mme Jean, sans qu'on puisse parler d'un appui officiel.

Le poste de secrétaire général se décide par consensus, historiquement il n'y a jamais eu d'élection formelle au sommet de Hanoi et de Beyrouth où avaient été choisis Boutros Boutros Ghali et Abdou Diouf.

Pour M. de l'Estrac, Michaëlle Jean pourrait profiter d'une division entre les candidats africains, «les Africains le savent, s'il y a division le poste échappera à un candidat africain». Il ironise quand on lui rappelle que le thème du sommet, l'émancipation de la femme viendra aider Mme Jean. «Le sommet n'est pas «La» femme, mais les femmes, ce n'est pas la même chose, le problème n'est pas réglé avec la nomination d'une femme !»

Mme Jean a joué sur plusieurs tableaux observe-t-il, jouera-t-elle sur le fait qu'elle a aussi la nationalité française ? «Je ne sais pas, cela commence à faire beaucoup. Candidate du Canada, d'Haïti, il va falloir choisir à un moment» déclare-t-il. Mme Jean avait même rappelé les racines africaines de ses ancêtres.