Le trop grand nombre de guerres sur la planète est le principal défi pour vaincre la pauvreté, soutient la directrice générale du Programme alimentaire mondial (PAM), Ertharin Cousin.

«Dans l'ère post-conflit, il s'agit probablement du plus grand nombre de crises alimentaires complexes auxquelles nous ayons eu à répondre», a-t-elle déclaré en entrevue à La Presse Canadienne, alors qu'elle assistait au sommet international du gouvernement Harper sur la santé maternelle et infantile.

Selon Mme Cousin, son organisation - la plus importante agence multilatérale de lutte contre la faim dans le monde - fait face à quatre famines de «niveau trois», la désignation la plus grave. Ces crises découleraient de trois conflits importants: les violences en République centrafricaine et au Soudan du Sud, ainsi que la guerre civile en Syrie. Récemment, le PAM a ajouté le Cameroon comme quatrième famine du genre puisque le pays fait face à un afflux très important de réfugiés souffrant d'un grave problème de malnutrition.

L'impact de ces crises est tel que le PAM a dû couper dans des programmes déjà en place au Bangladesh, au Kenya, en Somalie et même en Haïti pour répondre aux nouvelles famines.

Malgré le soutien de la population pour Haïti à la suite du tremblement de terre dévastateur de 2010, l'agence a depuis dû réduire de moitié son programme de nutrition dans les écoles, dit-il. «La réalité, c'est que 842 millions de personnes souffrent de malnutrition chronique et que le PAM en a nourri, directement, 80 millions l'an dernier.» Les inégalités, le racisme et le sexisme sont tous des facteurs sous-jacents contribuant à la pauvreté dans plusieurs régions du monde, dit-elle.

«L'autre aspect est la paix.»

«Nous pouvons faire bien des choses, mais si nous n'avons pas la paix, nous ne pouvons mettre fin à la faim.»

En plus des 3,5 milliards $ promis pour la santé maternelle et infantile, Ottawa veut également consacrer 98 millions $ au PAM dans le cadre de programmes nutritionnels. Au dire de Mme Cousin, ces fonds n'ont pas de prix à une plus grande échelle, puisqu'ils seront envoyés dans des endroits où le PAM a dû réduire ses efforts et ses services en raison de l'éclatement d'un conflit ailleurs. L'argent devrait être versé aux mères et aux enfants, puisque la malnutrition est l'une des principales causes de la mortalité de ces personnes, mortalité qui est dans la mire des efforts humanitaire des conservateurs.