Le brise-glace chinois piégé par la banquise dans l'Antarctique est parvenu à se dégager, a rapporté mardi un média officiel, tandis que les passagers d'un navire russe qu'il avait secourus devaient rallier une base de recherche australienne.

Le Xue Long («Dragon des neiges»), qui se trouvait bloqué depuis vendredi après avoir porté assistance à un bâtiment russe lui-même immobilisé par les glaces, s'est «déjà libéré» et s'est frayé un chemin jusqu'à des eaux où il pouvait naviguer librement, a annoncé l'agence Chine nouvelle.

Un expert météorologue, Zhang Lin, cité plus tôt mardi par le quotidien China Daily, avait estimé que le Xue Long bénéficiait, en raison d'un vent d'ouest attendu dans la zone où il se trouvait, d'«une fenêtre relativement courte» lui permettant de se dégager.

Le vent d'ouest était en effet censé aider à déplacer les morceaux de banquise entravant le brise-glace chinois, trois fois plus épais que ce que peut fendre le bâtiment, selon Chine nouvelle.

De son côté, un brise-glace des garde-côtes américains, le Polar Star, est en route vers la zone pour tenter d'ouvrir un chenal aux marins et scientifiques bloqués.

Le Xue Long a permis jeudi grâce à son hélicoptère d'évacuer les passagers du navire russe Akademik Chokalskiï, immobilisé depuis le 24 décembre à une centaine de kilomètres à l'est de la base française Dumont d'Urville.

Banquise épaisse de 4 mètres

Mais, pourtant équipé pour se frayer un passage dans les glaces épaisses, le bâtiment chinois s'est à son tour retrouvé prisonnier d'une banquise épaisse de 4 mètres, victime de l'environnement extrême du continent blanc. Les eaux navigables les plus proches sont à une vingtaine de kilomètres du navire.

«La Chine peut être fière» de l'opération de sauvetage réalisée par le Xue Long, a estimé dans un éditorial le quotidien chinois Global Times, en estimant que celle-ci avait été «saluée par l'opinion publique internationale».

Le navire chinois est équipé d'une salle de sport, d'un cinéma et de tables de ping-pong. Ses réserves de vivres pourraient permettre à sa centaine d'hommes de tenir jusqu'en avril, mais ses réserves d'eau douce ne vont que jusqu'au mois prochain.

Le groupe des 52 scientifiques, touristes et journalistes évacués du navire russe est attendu en Australie dans une quinzaine de jours, ont indiqué mardi les autorités australiennes.

Ils arriveront dès mardi soir à la base de recherche australienne en Antarctique, Casey, à bord du navire de ravitaillement Aurora Australis.

Ils avaient été transférés jeudi dernier par l'hélicoptère chinois de leur bateau à l'Aurora Australis.

L'Aurora rentrera au port de Hobart, sur l'île australienne de Tasmanie, le 22 janvier, a indiqué Tony Fleming, le directeur de la division Antarctique d'Australie (AAD), une agence gouvernementale.

Le navire de ravitaillement doit d'abord terminer sa mission pour la base de Casey, qui avait été interrompue pour l'opération de secours auprès de l'Akademik Chokalskiï, à 800 milles de là où il se trouvait.

Les passagers secourus resteront à bord du navire australien pendant les opérations de ravitaillement, a précisé l'AAD.

L'expédition du navire russe, destinée à reproduire les expériences scientifiques menées il y a un siècle par l'explorateur australien Douglas Mawson, a été vivement critiquée en Australie, pour avoir obligé plusieurs navires brise-glace scientifiques (le chinois Xue Long, le français Astrolabe, l'australien Aurora et l'américain Polar Star) à dévier de leur route pour lui venir en aide.

Ces opérations ont ainsi retardé des missions scientifiques en Antarctique, conduisant à l'annulation de plusieurs projets, la saison pendant laquelle ils peuvent être menés étant relativement courte.