Caroline Criado-Perez, militante féministe et journaliste britannique, a crié victoire après que la Banque d'Angleterre eut accepté d'immortaliser l'auteure d'Orgueil et préjugés, Jane Austen, sur ses billets de 10 livres à compter de 2017. Elle était loin de s'attendre au flot de messages haineux qui a suivi la décision sur Twitter.

Des appels au viol ont été lancés. «Montez à bord du train du viol... @CCriadoPerez en est la conductrice», pouvait-on notamment lire dans les jours suivant l'annonce de la Banque d'Angleterre. D'autres messages haineux ont été diffusés dans la foulée, allant de «Je vais attacher cette salope à mon four» à «Elle mérite une bonne volée sur les fesses. Après, elle ira mieux».

Deux suspects arrêtés

Deux suspects ont été arrêtés en lien avec l'affaire. Le premier, un homme de 21 ans, a été appréhendé dans la soirée du 28 juillet à Manchester. Il a été interrogé par des agents de Scotland Yard avant d'être libéré sous caution. Sa comparution est prévue en septembre. Quant au deuxième suspect, un homme de 25 ans, il a été arrêté par la police de Northumbria le 30 juillet.

L'histoire a commencé en avril lorsque Caroline Criado-Perez a dénoncé le remplacement sur les billets de cinq livres du visage de la philanthrope Elizabeth Fry par celui de l'ancien premier ministre Winston Churchill. Elle était la seule représentante de la gent féminine à avoir reçu cet honneur, mis à part la reine Élisabeth II. Une pétition a été lancée. Au total, 35 000 signatures ont été récoltées pour forcer l'institution bancaire à corriger le tir.

En plus d'accepter l'impression du visage de Jane Austen, la Banque d'Angleterre a profité de l'occasion pour demander à la population des suggestions pour modifier ses critères de sélection de personnalités emblématiques.

Twitter sur la défensive

En réaction à la controverse, un représentant du bureau anglais de Twitter a rappelé les mesures déjà mises en place par la firme pour contrer les comportements abusifs en ligne. Depuis quelque temps, les utilisateurs du réseau social sur iPhone et de la version mobile du site web peuvent signaler des gazouillis indésirables. Il suffit de cliquer sur le gazouillis problématique et de cliquer ensuite sur les trois petits points pour voir apparaître un menu comprenant, entre autres, «Signaler le tweet». De plus, sur sa page de soutien aux utilisateurs, le menu «Signaler une violation» comprend notamment le harcèlement. Quand on clique sur le lien, un formulaire est mis à la disposition des internautes afin qu'ils puissent faire un signalement approprié.

D'autres mesures s'imposent cependant aux yeux de certains experts pour contrer les abus.

«Il devrait y avoir des canaux de communication clairs avec les corps policiers, et ce, pas juste sur Twitter. Sur Facebook et LinkedIn également», affirme à La Presse le spécialiste en communication Carl Charest.

Il déplore également que la réaction des différents réseaux sociaux lors d'abus ne survienne que lorsqu'il y a des messages indignés diffusés à profusion ou des pages de dénonciation créées sur Facebook. Sans cette volonté de dénonciation, aucun recours ne serait intenté. «Plus il y a de réactions sur un sujet, plus Twitter réagira vite. C'est le seul moyen efficace en ce moment», note M. Charest.

À Montréal, le sergent Jean-Bruno Latour du SPVM a confirmé qu'il n'y a pas de structure établie avec Twitter pour dénoncer des crimes.

Twitter en chiffres

400 millions de visiteurs sur twitter.com par mois

Plus de 200 millions d'utilisateurs actifs par mois

1 milliard de gazouillis diffusés aux deux jours et demi