C'est du jamais-vu dans l'histoire de la République. Le Conseil constitutionnel a rejeté hier les comptes de la campagne 2012 de Nicolas Sarkozy, qui a aussitôt claqué la porte de cette institution. Par la même occasion, l'ancien président français a affirmé vouloir «reprendre sa liberté de parole», alimentant les rumeurs d'un retour au pouvoir. Voici quatre mots pour comprendre ce cataclysme politique.

«Sages»

En France, le Conseil constitutionnel est composé de neuf membres, appelés les «sages», qui sont les chiens de garde de la Constitution française. Les anciens présidents de la République française sont, quant à eux, membres de droit du Conseil constitutionnel, considéré comme la plus haute juridiction de la République. Le geste de Nicolas Sarkozy, premier président dans l'histoire à «démissionner» de cette institution, pourrait relancer l'épineux débat entourant la présence à ce Conseil des anciens chefs d'État, n'étant pas à l'abri des conflits d'intérêts.

Dépenses

Le Conseil constitutionnel a confirmé la décision rendue en décembre dernier par la Commission nationale des comptes de campagne: le montant des dépenses électorales de Nicolas Sarkozy excède de 466 118 euros, soit 2,1%, le plafond autorisé. Or, cette décision a des répercussions majeures. Elle le prive en effet du remboursement par l'État de 11 millions d'euros encourus pour ses frais de campagne présidentielle 2012. C'est la première fois qu'un candidat accédant au second tour d'une élection présidentielle essuie une telle débâcle.

Crise

Cette décision du Conseil constitue un revers non seulement pour Nicolas Sarkozy, mais aussi pour son parti. Déjà aux prises avec d'importantes difficultés financières, l'Union pour un mouvement populaire (UMP) devra payer la note plus que salée. L'ancien premier ministre François Fillon a affirmé dans un communiqué que les membres de l'UMP s'engageaient à payer cette somme pour M. Sarkozy. Les sympathisants du parti ont, quant à eux, été invités à faire des dons au parti. Le président de l'UMP, Jean-François Copé, persiste et signe: malgré les répercussions financières de cette décision, il maintient que «la voix de l'UMP ne s'éteindra pas».

Retour?

Selon le quotidien Le Monde, Nicolas Sarkozy prépare un retour en politique et souhaite prendre sa revanche contre François Hollande en 2017. Lors d'une récente entrevue, l'ancien président n'excluait pas un retour dans l'arène, si le pays se trouvait «tenaillé entre la poussée de l'extrémisme de gauche et celui de droite». Si cette décision du Conseil constitutionnel est un dur coup pour Sarkozy, le chroniqueur politique français Thierry de Cabarrus assure que cela ne saurait décourager l'ancien président français. «Connaissant un peu le personnage, son caractère et sa combativité, il se pourrait bien qu'au contraire, cela lui donne envie de repartir au combat», affirme-t-il.

Sources: Le Monde, AFP, Le Nouvel Observateur