La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu'elle n'acceptait plus temporairement de la dette chypriote en garantie des prêts qu'elle accorde aux banques de la zone euro après l'annonce par l'île d'un programme d'échange de dette d'un milliard d'euros.

«Le conseil des gouverneurs de la BCE a décidé de temporairement suspendre l'éligibilité d'instruments de dettes émis ou entièrement garantis par la République de Chypre pour l'utilisation comme garantie dans les opérations de politique monétaire de l'Eurosystème», a annoncé la BCE dans un communiqué publié vendredi soir.

«Cette décision prend en compte les changements de la note de la dette chypriote intervenus après les transactions annoncées par le ministère des Finances de la République de Chypre le 27 juin 2013», a ajouté la BCE dans son communiqué.

L'agence de notation financière Standard & Poor's avait annoncé vendredi qu'elle abaissait la note de la dette souveraine de Chypre, la portant à défaut sélectif, après la décision chypriote.

Fitch a déclassé de son côté les titres concernés par l'échange en «défaut limité», estimant que le report de leur échéance allait représenter des pertes pour les titulaires de ces obligations, pour la plupart des banques locales.

Les deux agences ont indiqué que ces notes seraient révisées dans les semaines à venir, une fois effectué l'échange de titres.

Les banques chypriotes qui n'ont plus accès au guichet de la BCE pour se refinancer peuvent se tourner vers leur banque centrale nationale pour obtenir des liquidités, dans le cadre du programme de mise à disposition de liquidités d'urgence (programme ELA), décidé au cas par cas.

La BCE a précisé que sa décision, essentiellement procédurière, serait réexaminée une fois l'échange de dette réalisé

Chypre a annoncé jeudi un programme d'échange de dette d'un milliard d'euros programmé pour le 1er juillet.

Le ministère des Finances a indiqué que les obligations existantes, qui arrivent à échéance pendant la période couverte par le plan de sauvetage européen (2013-2016) seraient remplacées par des titres ayant un taux d'intérêt équivalent, mais une échéance plus longue, allant de cinq à dix ans.

«Cet exercice de gestion de la dette respecte les engagements de Chypre dans le cadre du programme d'aide mis sur pied avec les partenaires internationaux», Union européenne et Fonds monétaire international, a assuré le ministère.

Chypre, qui a sollicité un plan de sauvetage pour éviter la faillite, a obtenu un prêt de 10 milliards d'euros, en contrepartie duquel l'île a dû accepter en mars de contribuer à hauteur de 13 milliards d'euros, par des mesures d'austérité drastiques et une forte diminution de son système bancaire démesuré et en difficulté.

Le ministère a souligné que l'échange de dette était destiné à «faciliter le flux de trésorerie du gouvernement», et pas à réduire la dette publique au détriment d'investisseurs privés.

Cet échange de dette a été bien accueilli par la Commission européenne et le FMI jeudi.