Le cofondateur du site WikiLeaks est réfugié depuis un an aujourd'hui dans l'ambassade de l'Équateur à Londres. Installé dans un bureau converti en chambre, il travaille pour son organisation tout en tentant de garder la santé, physique et mentale.

Depuis un an, un camion de police est garé en face du 3, Hans Crescent, une ruelle du quartier londonien de Knightbridge qui longe le célèbre magasin de luxe Harrod's. «Grâce au matériel disposé à l'intérieur, la police suit tout ce qui se passe ici», assure en souriant l'ambassadrice de l'Équateur, Ana Alba Moran. «La vie de cette ambassade n'a plus beaucoup de secrets pour eux.»

La raison de cette attention particulière? Il y a un an, le mardi 19 juin 2012 exactement, Julian Assange, le principal responsable et cofondateur du site lanceur d'alertes Wikileaks, s'est réfugié dans l'enceinte de l'ambassade. Accusé du viol de deux Suédoises, il n'aurait ainsi pas respecté les conditions de sa libération sous caution.

L'ambassade est installée au rez-de-chaussée d'un grandiose immeuble de brique rouge, bâtiment typique de ce quartier cossu, l'un des plus luxueux de la capitale anglaise. Depuis un an, Julian Assange n'a pas franchi le seuil de cet appartement: il serait immédiatement arrêté par la police britannique puis extradé vers la Suède.

La vaste entrée aux plafonds ornés de moulures dorées et aux murs couleur crème est agrémentée du portrait du président équatorien Rafael Correa. La pièce que l'ambassadrice lui a attribuée se situe sur son aile droite, au bout d'un fin couloir, à laquelle seuls ses amis, et bien évidemment le personnel de l'ambassade, ont accès. Elle dispose d'un accès à l'internet, d'un téléphone et d'un matelas. Une douche a été installée à proximité. Une petite cuisine lui permet de se faire à manger et à boire, d'y découper les pizzas qu'il se fait livrer. Un tapis roulant et une lampe solaire lui ont également été apportés afin de compenser le manque d'exercices physiques et de lumière naturelle.

Visiblement «éprouvé»

Privé de liberté de mouvement depuis deux ans et demi - il était auparavant assigné à résidence dans la campagne anglaise -, Julian Assange est visiblement «éprouvé», selon ce qu'a relaté le politicien français Jean-Luc Mélenchon, qui lui a rendu visite début décembre. «Je ne l'ai pas trouvé pétaradant de joie, mais il a gardé de l'humour: il me dit de continuer à faire comme si nous étions en été, vu que la dernière fois qu'il est sorti dans les rues de Londres, c'était en juin.» Quelques semaines auparavant, l'ambassadrice équatorienne avait révélé que son hôte souffrait d'une «infection des poumons à force de vivre dans un espace confiné».

Cela ne l'a jusqu'à présent pas empêché de poursuivre sa tâche principale: son organisation WikiLeaks. Il donne irrégulièrement des conférences de presse à son balcon, ce qui lui a valu dans la presse britannique le surnom de «Bolivar du balcon de Knightbridge».

7 DÉCEMBRE 2010

Julian Assange se rend à la police à Londres et il est emprisonné.

16 DÉCEMBRE 2010

Il est libéré sous caution.

19 JUIN 2012

Il se réfugie à l'ambassade de l'Équateur à Londres.