Une soixantaine de pays ont signé lundi le premier traité sur le commerce international des armes conventionnelles, adopté en avril dernier, mais qui devait attendre d'être ratifié par 50 États avant d'entrer en vigueur. Le ministre des Affaires étrangères argentin Hector Timerman a été le premier à parapher le texte sous les applaudissements, lors d'une cérémonie au siège de l'ONU à New York.

Le traité est ouvert à la signature depuis lundi et 62 pays l'avaient signé à la mi-journée, dont la France et ses partenaires européens et de nombreux pays d'Amérique latine (Costa Rica, Brésil, Mexique, Chili) et d'Afrique (Sénégal, Mali, Côte d'Ivoire, Tanzanie, Burkina Faso).

Les États-Unis, principal pourvoyeur d'armes de la planète, ont promis de le faire dès que possible, mais la ratification du texte par le Congrès s'annonce ardue. La Russie et la Chine ont réservé leur position et il est peu probable qu'ils signent.

Le traité, négocié depuis 2006, est censé moraliser les ventes d'armes conventionnelles - du pistolet aux avions et navires de guerre, en passant par les missiles -, un marché de 80 milliards de dollars par an.

Chaque pays devra évaluer avant toute transaction si les armes vendues risquent d'être utilisées pour contourner un embargo international ou violer les droits de l'homme, ou de se retrouver aux mains de terroristes ou de criminels.

L'Assemblée générale de l'ONU a adopté le traité le 2 avril dernier par 154 voix pour et trois contre (Syrie, Corée du Nord, Iran). Mais 23 pays se sont abstenus, parmi lesquels certains des principaux exportateurs (Russie, Chine) ou acheteurs de ces armes (Égypte, Inde, Indonésie).

Dans une déclaration commune, l'Argentine, la Finlande, l'Australie, le Costa Rica, le Japon, le Kenya et le Royaume-Uni ont «demandé instamment à tous les États de faire le maximum d'efforts pour signer et ratifier le traité dès que possible».

Hector Timerman a déploré que «certains pays ne signeront pas aujourd'hui à cause des lobbies qui luttent contre le contrôle des armes», une allusion aux pressions de la National Rifle Association (NRA) sur Washington.

Le secrétaire d'État américain John Kerry a qualifié le traité de «contribution importante à la lutte contre le trafic d'armes». Washington a l'intention de le signer dès qu'une traduction officielle «satisfaisante» sera disponible.

Pour Brian Wood, responsable du dossier à Amnistie Internationale, Washington «devrait signer bientôt, mais aura du mal à obtenir la ratification» par le Congrès. Il n'exclut pas que la Chine se laisse convaincre, contrairement à la Russie et à l'Inde, plus intransigeants.

En venant à New York pour signer, le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a dit vouloir «donner un signal» en direction des pays encore hésitants.

Son homologue français Laurent Fabius, qui ne s'est pas déplacé pour l'occasion, a déclaré que la France «espérait une rapide entrée en vigueur du traité, avancée majeure pour les droits de l'homme (...) et la stabilité internationale».