Le pessimisme de Lakhdar Brahimi sur la Syrie et une diatribe du président iranien sur les sanctions ont placé d'emblée lundi ces dossiers sensibles au coeur des discussions à New York, à la veille de l'ouverture de l'Assemblée générale de l'ONU.

Plus de 120 chefs d'État, Premiers ministres et ministres sont attendus à New York pour la 67e session de l'Assemblée.

Malgré le blocage du Conseil de sécurité sur la Syrie, en raison de l'opposition de Pékin et Moscou à des sanctions contre Damas, le conflit syrien devrait être largement évoqué au cours et en marge des travaux de l'Assemblée, de même que les ambitions nucléaires iraniennes et la flambée de colère dans le monde musulman contre un film américain islamophobe.

Lundi, l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi rendait compte au Conseil de sa récente visite en Syrie, au cours de laquelle il a rencontré le président Bachar al-Assad.

La situation est «extrêmement grave et se détériore de jour en jour», a déploré le médiateur. Mais il a aussi répété que pour l'instant, il n'avait «pas de plan» de règlement, seulement «quelques idées». C'est donc «l'impasse» et il n'y a «pas de progrès en vue», a-t-il déploré à sa sortie du Conseil.

Après avoir pris des contacts pendant l'Assemblée générale, M. Brahimi va  retourner dans la région et espère ensuite être en mesure de «présenter quelques idées sur la manière de procéder».

«N'oubliez pas que j'ai commencé il y a trois semaines seulement», a-t-il plaidé. M. Brahimi a remplacé Kofi Annan, qui n'était jamais parvenu à faire appliquer un cessez-le-feu théoriquement accepté par les deux parties et qui avait jeté l'éponge au bout de six mois.

Ahmadinejad fustige les grandes puissances

M. Brahimi a affirmé devant le Conseil que les prisonniers subissaient des «formes médiévales de torture» en Syrie et que plus d'un millier d'entre eux en était morts dans les centres de détention du régime. «La peur des agents (du régime) présents dans beaucoup d'hôpitaux dissuade les Syriens» de s'y faire soigner tandis que «la pénurie alimentaire menace à cause des mauvaises récoltes».

La guerre civile en Syrie a fait 29 000 morts en 18 mois selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Comme chaque année, Mahmoud Ahmadinejad a profité de la tribune que lui offre l'Assemblée générale pour fustiger les puissances occidentales qui impose des sanctions à l'Iran à cause de son programme nucléaire, accusant Washington, Paris et Londres de «violer les droits et libertés d'autres nations».

Les Occidentaux et Israël soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil, ce que Téhéran nie.

S'adressant ensuite à des compatriotes, il a affirmé que l'Iran ne prêtait «aucune attention» aux menaces de frappes israéliennes contre ses installations nucléaires.

De son côté, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a multiplié les contacts avec des dirigeants musulmans pour réchauffer les relations après des manifestations anti-américaines et appeler à lutter contre l'extrémisme islamiste.

Elle a notamment rencontré les présidents libyen et pakistanais, Mohamed Magariaf et Asif Ali Zardari. L'attaque du consulat américain à Benghazi, le 11 septembre, avait coûté la vie à l'ambassadeur américain en Libye.

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé lundi à New York que Bamako avait officiellement demandé le feu vert de l'ONU pour une intervention militaire panafricaine dans le nord du Mali contrôlé par des groupes islamistes.

Une réunion à haut niveau sur le Sahel doit se tenir mercredi en marge de l'Assemblée générale et étudiera la demande du Mali. M. Fabius a espéré que «la décision sera prise rapidement».