Le roi Abdallah II de Jordanie a investi mercredi le nouveau gouvernement qui aura pour mission d'adopter les réformes nécessaires à la tenue d'élections législatives d'ici la fin de l'année.

Mais les experts estiment que ce cabinet reste trop «conservateur» pour mener à bien cette mission.

Mené par Fayez Tarawneh, 63 ans, qui a déjà été Premier ministre à la fin des années 1990, il est composé de 30 ministres dont 20 nouveaux venus et une femme, secrétaire d'État au droit des Femmes.

«Ce sera un gouvernement de réformes qui incarnera la volonté de sa majesté d'organiser des élections parlementaires», a indiqué le Premier ministre, dans une lettre adressée au roi, dans laquelle il s'engage également à combattre la corruption.

«La loi électorale sera l'épine dorsale de la réforme politique. Mon gouvernement travaillera avec les parlementaires pour élaborer une loi qui répondra aux demandes de l'ensemble des Jordaniens», a ajouté M. Tarawneh.

Le ministère de la Jeunesse et des Sports a été supprimé, et le ministre des Affaires étrangères, Nasser Jawdeh, en poste dans quatre gouvernements successifs depuis 2008, conserve son porte-feuille.

Le vétéran du journalisme Samih Maaytah, éditorialiste pour plusieurs journaux et animateur de débats politiques télévisés sur la chaîne publique, devient ministre de l'Information.

Le nouveau ministre des Finances, Souleimane Hafez, a déjà occupé des postes gouvernementaux en 2010, en 1999 et en 1998.

«Il est paradoxal qu'un gouvernement conservateur ait été désigné pour mener et promouvoir des réformes», a indiqué à l'AFP Oreib Rintawi, le dirigeant du Centre d'études politiques Al-Qods, basé à Amman.

M. Tarawneh a succédé au poste de Premier ministre à Aoun Khassawneh, qui avait été critiqué par le roi pour ne pas avoir réformé assez vite la Jordanie alors que le pays traverse «une période critique».

«La démission de M. Khassawneh et la désignation de M. Tarawneh (...) n'envoient pas de messages rassurants sur la réforme», a estimé M. Rintawi.

«La population va avoir du mal à croire qu'il s'agit d'un processus authentique de réforme. Je pense que la Jordanie va connaître dans les mois qui viennent un âpre débat entre le gouvernement et l'opposition, et notamment les islamistes», a ajouté l'analyste.

La Jordanie connaît des manifestations régulières depuis janvier 2011 -- d'une ampleur nettement moindre que ses voisins touchés par le Printemps arabe -- réclamant des réformes politiques et économiques ainsi que la fin de la corruption.