1000 milliards - Mille milliards de dollars américains. C'est le total des pots-de-vin payés chaque année dans le monde, selon la Banque mondiale. Cela correspond à un peu plus de 3% de l'économie mondiale.

Cette estimation faite en 2004 ne tient pas compte des détournements de fonds publics. Ces sommes sont parfois assimilables à des pots-de-vin, selon la Banque mondiale, parce que les entreprises privées savent parfois que les sommes qu'elles versent à des gouvernements étrangers sont détournées. Par exemple, une société pétrolière peut être au courant que les redevances qu'elle verse à un pays producteur sont siphonnées par des ministres, par le chef d'État ou par un parti politique.

Lors d'une réunion à Doha en 2009, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) a avancé un chiffre encore plus élevé: 1600 milliards de dollars américains. Mais son calcul tenait compte de tous les types de «corruption politique», et non seulement des pots-de-vin.

«C'est une somme qui représente seulement une partie du problème», explique Huguette Labelle, ancienne haute fonctionnaire canadienne, présidente de l'ONG allemande Transparency International. «On peut ajouter aux pots-de-vin l'évasion fiscale, les cartels, la contrebande et le ralentissement de la croissance économique dû aux distorsions dans les marchés. Et c'est sans compter les drames causés par la corruption. Lors du tremblement de terre de 2011 en Turquie, par exemple, il y a eu beaucoup plus de morts qu'il n'y en aurait eu sans la corruption qui a mené des fonctionnaires à fermer les yeux sur le non-respect des normes de construction.» Ce tremblement de terre a fait plus de 600 morts.

Selon Mme Labelle, l'évasion fiscale a coûté 3000 milliards de dollars en 10 ans aux États-Unis, et les cartels coûtent 500 milliards par année dans le monde. Le cas de la Grèce est éloquent: l'évasion fiscale y représente 15 milliards d'euros par année, ce qui équivaut à près de 10% de la dette actuelle de 340 milliards d'euros. Certains auteurs, dont Benjamin Olken, du MIT, placent dans la catégorie de la corruption les syndicats qui ne défendent pas adéquatement les intérêts de leurs membres.

Le Canada arrive en bonne place dans les classements de Transparency International. Dans l'index de perception de la corruption, le Canada arrive au 10e rang mondial, avec une note de 8,7 sur 10. Le pays jugé le moins corrompu est la Nouvelle-Zélande, avec une note de 9,5. Les États-Unis arrivent au 27e rang, avec une note de 7,1. Depuis le début du classement, en 1995, le Canada s'est toujours classé dans les 15 premiers rangs.

Un autre index de Transparency International mesure la propension des grandes entreprises des 28 pays industrialisés à offrir des pots-de-vin quand elles font des affaires dans des pays étrangers. Le Canada arrive au sixième rang de cet index, que dominent les Pays-Bas. Les États-Unis sont au 11e rang et la Russie, au dernier.