Benoît XVI a lancé dimanche pour Pâques un appel à la paix universelle, en particulier en Syrie, condamnant «les discriminations et persécutions des communautés chrétiennes» du Moyen-Orient à l'Afrique, où un nouvel attentat antichrétien a touché le Nigeria.

À l'occasion de la Résurrection du Christ, le pape prononçait son traditionnel message «urbi et orbi» («à la ville et au monde»), de la loggia de la basilique Saint-Pierre, devant une place presque comble, par un temps printanier.

Il a souhaité bonnes Pâques en 65 langues, de l'araméen, langue parlée par Jésus, au kirundi, la langue du Burundi.

Benoît XVI semblait en relativement bonne forme, alors qu'il aura 85 ans dans huit jours et qu'il a bravé le marathon épuisant de cérémonies de la Semaine sainte.

«Que cesse en Syrie l'effusion de sang et que soit entrepris sans délai le chemin du respect, du dialogue et de la réconciliation, comme le souhaite la communauté internationale», a supplié Joseph Ratzinger, au moment où l'aboutissement du plan Annan de l'ONU paraît incertain.

«Que les nombreux réfugiés, provenant de ce pays et ayant besoin d'aide humanitaire, trouvent accueil et solidarité», a-t-il insisté, alors que la communauté chrétienne syrienne est inquiète d'une possible emprise future des islamistes sur le pays.

Il a encouragé la stabilité en Irak et le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens.

«Puisse le Christ ressuscité donner espérance au Moyen-Orient, afin que toutes les composantes ethniques, culturelles et religieuses collaborent pour le bien commun et le respect des droits de l'homme», a-t-il souligné, dans un appel implicite aux chrétiens à ne pas quitter la région.

La coopération entre confessions dans tout l'Orient sera au coeur du prochain voyage de Benoît XVI au Liban, du 14 au 16 septembre, voyage confirmé ce jour à Rome et Beyrouth.

Selon le Patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, «les politiques et la communauté internationale ne se préoccupent que peu de notre sort». «Les intérêts personnels écrasent la bonne volonté de ceux qui cherchent à avancer vers la paix et la justice», a-t-il déploré lors de la messe de Pâques, en présence du premier ministre italien Mario Monti.

Il a néanmoins salué le Printemps arabe, «une jeunesse enthousiaste qui a secoué la poussière (...) d'une histoire obscure, misérable et totalitaire».

Benoît XVI qui n'a mentionné ni l'Amérique Latine, ni l'Asie de l'Est, ni l'Europe, a aussi prié pour les victimes des conflits en Afrique.

Les communautés chrétiennes africaines doivent devenir toujours plus «promotrices de paix et artisanes du développement», a recommandé le chef de l'Église catholique.

Il a cité la Corne de l'Afrique, la région des Grands Lacs, le Soudan et le Soudan du sud, des régions où des tensions anciennes et nouvelles s'accumulent ces jours-ci.

Au Nigeria, où, près d'une église à Kaduna (nord), un nouvel attentat à la bombe a encore fait dimanche au moins 20 morts, il a souhaité «les énergies nécessaires pour recommencer à construire une société pacifique et respectueuse de la liberté religieuse de ses citoyens».

Le cardinal français Jean-Louis Tauran, responsable du dialogue interreligieux au Vatican, avait salué cette semaine à son retour du Nigeria sa volonté de dialogue interreligieux de la majorité des Nigérians.

Au Mali, où le nord est tombé aux mains de rebelles et d'islamistes proches d'Al-Qaïda, le pape a aussi demandé au «Christ d'accorder à ce pays, qui traverse un délicat moment politique, paix et stabilité».

Le pape avait mis davantage l'accent ces derniers jours sur les sujets de morale qui lui tiennent à coeur --comme la défense de la famille, thème du Chemin de Croix du Vendredi saint--, la perte des «valeurs» et de la transcendance, et de «l'obéissance» à Dieu, dans un rejet des dissidences au sein de l'Église.