Lundi, plus de 430 000 bébés naîtront sur la planète. L'ONU décernera à l'un d'eux un titre bien spécial: le sept milliardième humain vivant sur Terre. Mais qu'il naisse dans un palais ou un bidonville, la question est la même. Dans quel monde vivra-t-il?

Adnan Mevic vient de fêter ses 12 ans. Sa naissance, en 1999, dans un Sarajevo qui se remettait difficilement de la guerre de Bosnie-Herzégovine, lui a légué un titre qu'il portera pour le reste de sa vie: le six milliardième humain sur la Terre. Et lundi, quelque part sur la planète, un bébé naissant héritera du titre symbolique du sept milliardième humain vivant sur Terre.

Le chiffre donne le vertige, comme toutes les projections démographiques ont suscité l'affolement en leur temps. Avec, en tête de liste, la question alimentaire: comment nourrira-t-on les huit milliards d'humains attendus en 2025, les neuf milliards de 2043, les dix milliards de 2083?

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Il faudra, dit l'ONU, augmenter la production alimentaire de 70% d'ici 2050. La quantité de terres arables est limitée. Mais la correction des lacunes actuelles ferait déjà une énorme différence: l'accès aux semences, aux engrais et au transport des denrées fait défaut dans les pays du Sud, tandis que chaque Occidental met une bonne centaine de kilos de nourriture à la poubelle chaque année. Sans compter toute l'énergie gaspillée pour la produire. Toutes les analyses s'entendent sur une chose : les pays riches consomment trop, gaspillent trop.

Famille petite, famille heureuse?

S'il a fallu moins de 40 ans pour passer de 4 à 7 milliards de Terriens vivants, l'écart entre les prochains sommets va désormais s'étirer. Il faudra notamment attendre 72 ans pour voir passer l'humanité franchir trois autres caps, jusqu'aux fameux 10 milliards.

Car le taux de fécondité est en baisse dans la majeure partie du monde: plus de 80% des Terriens vivent dans un pays où le taux de fécondité est sous la barre des trois enfants par femme. Il devrait encore baisser, puisque dans les pays en développement, plus de 200 millions de femmes n'ont pas accès aux méthodes de contraception qu'elles désireraient obtenir, et le quart des grossesses n'a pas été planifiée.

L'expérience montre que les parents, quand ils ont le choix, préfèrent souvent les petites aux grandes familles. L'exemple du Brésil est particulièrement fascinant: de 6,3 enfants par femme en 1960, le taux est désormais de 1,90. La hausse du niveau d'éducation des femmes est une explication, mais aussi la popularité des telenovelas (téléromans) qui présentent désormais de petites familles. Plus spectaculaire encore: les Iraniennes engendraient en moyenne plus de six enfants au début des années 80; elles donnent naissance à moins de deux aujourd'hui.

Mais avant que la population mondiale se stabilise, elle croîtra inévitablement. L'Inde, qui déclassera bientôt la Chine en tête du palmarès, fait face à des défis monstrueux pour loger, nourrir, soigner, éduquer, employer, transporter son milliard de citoyens. Plusieurs d'entre eux aspireront à appartenir à la classe moyenne... en rêvant du confort matériel qui va avec. «Il est trop tard pour empêcher la nouvelle classe moyenne de 2030 de naître», a rappelé dans le National Geographic, l'auteur Robert Kunzig. «Mais il n'est pas trop tard pour changer la façon dont nous produirons et consommerons la nourriture et l'énergie à l'avenir».



*Note aux lecteurs: dans la version originale de ce texte, publiée dans l'édition du 29 octobre du journal La Presse, nous avons erronément écrit «taux de fertilité» au lieu de «taux de fécondité». En démographie, le taux de fécondité est défini comme le rapport du nombre de naissances annuelles dans un groupe à l'effectif de ce groupe.