La grande majorité des projets nucléaires prévus avant Fukushima iront à terme, presque toutes les centrales existantes resteront en activité et l'essentiel des réacteurs en construction seront achevés, estime le cabinet de conseil Capgemini dans une étude publiée mercredi.

Malgré la catastrophe japonaise, le géant français des services informatiques et du conseil prévoit que l'énergie nucléaire continuera à se développer, tirée par les pays émergents comme la Chine, l'Inde et la Russie.

Après la phase de tests de sûreté lancés dans de nombreux pays, «il semble probable que la grande majorité des (440 ndlr) réacteurs en activité sera autorisée à continuer à fonctionner», estime Capgemini dans son «Observatoire européen des marchés de l'énergie» de 85 pages.

La «grande majorité» des 62 réacteurs en construction (dont 28 en Chine, 5 en Inde, 5 en Corée du Sud et 10 en Russie) sera achevée car ces pays «sont confrontés à d'importants besoins en énergie», pense également le cabinet.

Enfin, concernant les 496 réacteurs prévus ou proposés avant Fukushima, Capgemini juge «trop pessimiste» de diviser par deux les prévisions de constructions finales, comme l'avait fait l'Agence Internationale de l'Energie (AIE) après la catastrophe japonaise.

«Il faut bien se rendre compte que les centrales en construction ne sont pas en Europe ni aux Etats-Unis. Elles sont dans les pays en développement, en Chine, en Inde, en Russie, en Corée du Sud, mais aussi en Argentine, au Brésil ou au Moyen-Orient», a souligné Colette Lewiner, la directrice internationale du secteur de l'énergie de Capgemini.

Les nouvelles mesures de sécurité qui seront décidées après Fukushima devraient peu impacter la compétitivité de l'électricité produite par les réacteurs nucléaires, selon elle.

Néanmoins, le bouquet énergétique européen va évoluer, «avec plus de gaz, peut-être plus de charbon en Allemagne, et un peu plus de renouvelable», dit-elle à l'AFP.

Capgemini avertit par ailleurs que la sortie du nucléaire décidée par l'Allemagne et la Suisse, ainsi que la chute des investissements depuis 2009 dans le secteur de l'énergie créent à moyen terme «un contexte de moindre sécurité d'approvisionnement énergétique» en Europe.

A court terme, l'arrêt de huit réacteurs nucléaires allemands constitue par exemple une «menace réelle» de panne électrique en France lors des pics de consommation cet hiver, avertit Capgemini.